La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) (13 page)

Un journaliste, qui avait rendu compte avec force détails d’un engagement particulièrement sanglant entre les deux bandes, M. Maurice V., eut maille à partir avec le terrible Manda. Le reporter trouva un matin dans son courrier une lettre renfermant ces mots : “Si tu te mêles encore de nos affaires, nous te ferons passer le goût du pain. En attendant, voici l’expression de notre mépris…”

Sur le papier, il y avait un crachat. Disons que, très crânement,
le journaliste continua la série de ses articles. D’ailleurs, peu après, la police, émue, mettait un terme aux aventures des sinistres bandes en jetant sous les verrous les antagonistes et la cause de leurs querelles, la belle “Casque d’Or”. »

8 mars
1981

Exécution du tueur en série Steven Judy.

V
ictime d’un foyer brisé, Steven Judy viole et poignarde une voisine à quarante et une reprises, avant de tenter de l’achever à coups de hache. Par miracle, la victime survit et identifie son agresseur qui est condamné à suivre neuf mois de thérapie. Apparemment, le traitement n’est pas efficace puisque quelques années plus tard, il est à nouveau condamné pour viols et agressions à Chicago et à Indianapolis.

 

En 1979, Judy assassine une jeune femme et trois enfants. Lors du procès, il n’éprouve aucun remords et annonce aux jurés : « Vous feriez mieux de me tuer, car la prochaine fois, ce sera peut-être vous ou l’une de vos filles. » Ils le prennent au mot et Steve Judy passe sur la chaise électrique de Michigan City, dans l’Indiana, le 8 mars 1981. Il est âgé de 24 ans.

9 mars
1929

Isidor Fink, un blanchisseur de New York, est tué dans une boutique entièrement close de l’intérieur.

L
es mystères de chambres closes sont une des constantes du roman policier classique, et des auteurs tels que John Dickson Carr ou Clayton Rawson sont passés maîtres dans l’art de décliner des crimes impossibles. Mais souvent, comme le veut le proverbe, la réalité dépasse la fiction, ce qui fut le cas en cette soirée du 9 mars 1929 pour Isidor Fink…

 

Retrouvé mort dans l’arrière-salle de sa blanchisserie du 4 East 132

Rue, à New York, il a le corps criblé de balles. L’affaire semble impossible à résoudre aux détectives de la brigade criminelle, car la blanchisserie, qui comprend deux pièces, est complètement fermée et cadenassée de l’intérieur.

 

Isidor Fink est un émigré polonais qui s’est installé aux États-Unis en 1918, à l’âge de 20 ans. Parti de rien, il travaille seize heures d’affilée pendant des années, afin d’économiser l’argent pour monter sa propre entreprise. Le « rêve américain », dans toute sa splendeur. Et il y parvient à la fin des années 1920. Bien sûr, ce n’est pas grand-chose, mais c’est sa blanchisserie. Et pour restreindre les frais, il partage un appartement au 52 East 133

Rue, avec le cordonnier Max Schwartz.

 

Fink est un solitaire, on ne lui connaît pas d’amis proches, ni de femme, il est vrai que le métier de blanchisseur ne laisse pas beaucoup place à des loisirs. Mais il n’a pas d’ennemis non plus. Jusqu’à cette nuit du 9 mars 1929.

 

La blanchisserie consiste en une pièce de quatorze mètres sur sept, et elle est divisée en deux. Deux fenêtres, une sur la rue, l’autre sur une impasse, sont rendues aveugles par une couche de peinture grise. Elles sont toutes les deux protégées par des barreaux de fer, espacés de dix centimètres les uns des autres. La porte d’entrée, qui donne sur la rue, est fermée par un épais cadenas. Une imposte, également peinte en gris, se situe à mi-hauteur de la porte. Selon le rapport de police, elle est clouée et ne peut donc pas s’ouvrir. Dans l’arrière-salle, qui sert de réserve, une porte sépare la blanchisserie de l’appartement d’une voisine, M
me
 Lockland Smith, une femme de couleur. La porte est non seulement fermée à clef, cadenassée par-dessus le marché, mais aussi clouée.

 

Au début, Fink dort et se lave dans cette pièce, avant de partager un appartement avec le cordonnier Schwartz. Il a pour habitude de prendre ses repas dans des cafés du voisinage, où il est connu comme un homme sans histoire.

 

Il est environ 22 heures 30 en cette nuit du 9 mars quand M
me
 Lockland Smith, dérangée dans son sommeil par des bruits inquiétants en provenance de chez son voisin, alerte un policier en patrouille. L’agent Albert Kattenborn constate que tous les moyens d’accès sont complètement clos et il avise un jeune garçon de 13 ans, Lloyd Fox, en lui demandant de monter sur ses larges épaules pour briser l’imposte. Ravi, l’adolescent s’exécute et, après avoir retiré les débris de verre, saute à l’intérieur de l’établissement.

 

C’est là qu’il aperçoit le corps sans vie d’Isidor Fink, allongé à dix mètres de la porte d’entrée, avec deux balles du côté gauche de la poitrine et une troisième qui s’est logée dans le poignet gauche.

 

Le vol n’est pas le mobile du crime, car il y a de l’argent en caisse et dans les poches de Fink. Un fer chauffe encore sur la cuisinière à gaz, preuve que Fink repassait encore au moment où il a été surpris. Était-ce un suicide ? Forcément. Puisque personne n’a pu pénétrer dans les lieux. Mais, en fait, cette hypothèse est tout aussi impossible, car on ne retrouve aucune arme sur place. Et cela n’explique pas pourquoi Fink se serait tiré au préalable une balle dans le poignet gauche. Absurde.

 

Pendant les semaines qui suivent, les policiers examinent centimètre par centimètre l’établissement. Le plancher et le plafond sont arrachés, tous les murs sondés, à la recherche d’un panneau secret ou d’une porte cachée. Ils doivent se rendre à l’évidence : il n’y a rien. Les journaux avancent des théories toutes plus farfelues les unes que les autres. Fink aurait fixé l’arme à un système élastique qui l’aurait éloignée, après qu’elle se soit déchargée ! Un an après l’affaire, le détective chargé de l’enquête se confie à un journaliste : « Ce satané mystère à quatre sous me flanque les jetons. Il y a là quelque chose de surnaturel. »

 

La solution de l’énigme ? Il est probable qu’Isidor Fink ouvre la porte, après que quelqu’un y a frappé. On lui tire dessus, deux balles dans la poitrine (à une distance de soixante centimètres,
d’après le rapport du légiste), tandis que la troisième le touche au poignet, alors qu’il tente de se protéger en levant le bras. Puis, il referme la porte et le cadenas, avant de s’effondrer dix mètres plus loin, mort.

Impossible ? Pas tout à fait. Plusieurs médecins légistes renommés, dont le professeur Lacassagne, citent divers exemples d’une telle survivance temporaire. Ainsi, un homme âgé quitte son hôtel pour se rendre dans un jardin voisin où il se tire une balle dans la tête. Le projectile remonte de son menton jusqu’au cerveau. On retrouve du sang, des fragments d’os et de cervelle éparpillés sur le banc du parc où il s’est installé vers 7 heures du matin. Une heure et demie plus tard, il retourne à son hôtel où il discute avec une femme de chambre, accroche son manteau et monte les marches pour se rendre dans la salle de bains. C’est là qu’il finit par s’effondrer. On l’emmène à l’hôpital, où il met encore près de trois heures avant de décéder. De tels cas sont très rares, mais ils existent, et il y a de bonnes raisons de croire qu’Isidor Fink en fait partie.

10 mars
1975

Patrick Mackay tue Adele Price, âgée de 89 ans.

S
urnommé « The Psychopath » ou « The Devil’s Disciple » (le « Disciple du Diable »), ce Britannique de 23 ans est condamné à perpétuité pour cinq meurtres en 1974-1975, et suspecté de six autres assassinats. Dès son plus jeune âge, Mackay est fasciné par la mort et la torture, notamment celle des animaux. À 15 ans, il a déjà tenté par deux fois de tuer quelqu’un. Parmi ses hobbies, il adore revêtir un uniforme nazi qu’il a lui-même confectionné et construit des figurines de Frankenstein dans lesquelles il plante des aiguilles, avant d’en crever les yeux.

11 mars
1977

Dernier crime d’un tueur en série inconnu surnommé « The Baby-sitter ».

Q
uatre enfants des deux sexes, âgés entre 10 et 12 ans, sont violés et assassinés dans le comté d’Oakland, dans le Michigan, entre le 13 février 1976 et le 11 mars 1977. Un point commun relie ces quatre affaires : les corps ont été lavés et les ongles manucurés après la mort, d’où le surnom de « Baby-sitter » pour ce tueur, non identifié à ce jour. Quatre autres crimes d’enfants ont été commis dans la région, mais les cadavres n’ont pas fait l’objet d’un nettoyage
post-mortem
. Depuis le début de l’enquête, un suspect est dans la ligne de mire avant qu’il ne décède dans un accident automobile en 1981, mais des tests ADN ont établi son innocence.

12 mars
1980

Condamnation à la peine de mort du serial killer John Wayne Gacy.

D
ans sa demeure de Chicago, Gacy assassine, viole et torture trente-trois adolescents. Leurs corps sont tous enterrés sous sa maison et dans son jardin. Malgré les odeurs nauséabondes de décomposition, personne, parmi ses voisins, ne paraît s’en inquiéter durant cinq années, de 1973 à 1978. Devenu peintre pendant son emprisonnement, Gacy a été exécuté en 1994.

 

À toutes les époques, les faits divers ont passionné les lecteurs. Au début du
XIX
e
 siècle, des marchands ambulants parcourent les villages pour chanter la comptine sanglante de l’éventreur de bergères ou des aubergistes égorgeurs de Peyrebelle, tout en vendant des fascicules illustrés. Quelques décennies plus tard, les unes dessinées du
Petit Journal
choqueraient à présent même les plus endurcis des éditeurs de tabloïds. En 1921, le procès de Landru vaut au tueur en série de recevoir des centaines de demandes
en mariage. Le 18 mai 1939, l’exécution par la guillotine du tueur en série Eugen Weidmann, à Paris, déclenche des émeutes : des femmes hystériques se battent pour tremper leur mouchoir dans le sang du décapité, ce qui est censé leur apporter la fertilité. À cause de ce scandale, ce sera la dernière exécution à se dérouler en public.

 

De nos jours, certains meurtriers à forte résonnance médiatique ont leur agent artistique qui monnaye leurs interviews ou œuvres d’art. Dans les années 1990, vous pouviez ainsi adresser votre photo à John Wayne Gacy qui intégrait votre portrait dessiné par ses soins à ses recréations peintes à l’huile de
Bambi
ou de
Blanche Neige et les Sept nains
. Son agent artistique exerçait comme métier principal… celui d’entrepreneur de pompes funèbres !

 

Plusieurs tueurs en série ont écrit leur autobiographie, d’autres peignent ; Charles Manson, l’assassin de Sharon Tate, sculpte ses chaussettes. Plus étrange encore, d’autres criminels proposent leurs rognures d’ongles, mèches de cheveux ou du sperme séché apposé sur une photo de femme dénudée. Tous ces objets sont vendus aux enchères sur des « eBay du crime », et c’est le plus offrant qui remporte la mise. Des sites du Web vous proposent des pendules à l’effigie de Ted Bundy (qui a été exécuté pour l’assassinat de 32 femmes), des cartes à jouer ou des calendriers arborant les visages des criminels les plus infâmes, des T-shirts, des verres à bière, voire des poupées gonflables de Jeffrey Dahmer, le « Cannibale de Milwaukee ».

13 mars
1958

Libération conditionnelle de Nathan Leopold, auteur avec son complice Richard Loeb du « Crime du siècle ».

« 
L
e crime parfait » est un élément d’intrigue récurrent de la fiction policière depuis
De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts,
de Thomas de Quincey en 1927 jusqu’au personnage d’Hannibal Lecter. Mais dans la réalité,
existe-t-il de tels assassins en quête de la perfection ultime et qui désirent aussi s’affirmer comme des « esthètes » du crime ? Nous ne pouvons qu’affirmer que ces « 
Perfect Killers
 » se font plutôt rares. Richard Loeb et Nathan Leopold ont 18 et 19 ans en mai 1924 lorsqu’ils kidnappent et assassinent le jeune Bobby Franks, âgé de 14 ans. Ils adressent ensuite à la famille une demande de rançon. Ils seront identifiés grâce à une paire de lunettes oubliée sur la scène du crime. En septembre 1924, ils échappent à la peine de mort à cause d’une plaidoirie magistrale du célèbre avocat Clarence Darrow. Loeb meurt assassiné en prison en 1936, tandis que Leopold est libéré après trente-trois années d’incarcération et il part s’installer à Puerto Rico où il décède d’une crise cardiaque à l’âge de 66 ans. Même s’il a réclamé une rançon, le duo meurtrier n’a pas besoin d’argent car les deux hommes sont issus de riches familles de Chicago. Dans leurs aveux, ils affirment avoir voulu commettre « le crime parfait, le crime ultime » pour montrer leur supériorité sur le reste des humains. Leur histoire a inspiré deux chefs-d’œuvre du cinéma,
The Rope
(
La Corde
) d’Alfred Hitchcock, en 1948, et
Compulsion
(
Le Génie du mal
) de Richard Fleischer, en 1959.

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