Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Libération conditionnelle de Charles Manson, qui vient de purger sept ans de prison pour des chèques falsifiés. Deux ans plus tard, les membres de la « Famille », dont il est le gourou, commettent les meurtres de Sharon Tate et de ses amis, ainsi que des époux La Bianca.
Il était une fois
est une fiction dérangeante écrite par Manson.
Il était une fois
Une fable de Charles Manson
J’étais en train de balayer la morgue lorsque j’ai vu par la fenêtre cette petite fille qui pleurait. Un policier s’approche et lui demande :
— Pourquoi pleures-tu, petite fille ?
— Mes parents m’ont jetée dehors, personne ne m’aime, je suis toute seule.
Aussi ce policier prend la petite fille de 12 ans entre ses bras et la console en lui disant :
— Ne t’inquiète pas, je vais prendre soin de toi.
Et l’enfant lève les yeux vers cet homme, elle voit le revolver
et, pour elle, cela symbolise la force et l’autorité. À ses yeux, le flic représente un père. L’agent l’emmène chez lui, et il l’aime beaucoup. Il tombe amoureux de cette petite fille. Et elle le lui rend bien.
Ce flic était marié, il est maintenant divorcé, et il a deux enfants qui sont plus âgés que cette petite fille, mais il n’y peut rien, il l’aime. L’amour ne connaît pas d’âge.
Un jour, la mère du policier entend des rumeurs sur son fils, et elle se dit : « C’est affreux. Je dois mettre un terme à cette histoire. » Elle téléphone à son petit-fils et elle lui raconte tout. « Tu dois avoir honte de l’attitude de ton père ? Il faut que tu fasses quelque chose. » L’adolescent rend visite à son père et lui dit qu’il doit s’arrêter, qu’il ne permettra pas que ça continue.
Le policier lui dit de se mêler de ses affaires et que rien ne le fera changer d’avis. Aussi, le garçon sort un couteau.
— Je vais devoir te tuer.
Il se précipite sur son père et lui plonge le couteau en plein cœur. Mais le père a le temps de dégainer et il abat son fils, avant de s’effondrer mort lui aussi.
La fille du policier apprend la triste nouvelle et rend visite à sa mère pour lui demander des comptes.
— Regarde ce que tu as fait. Tout ça est de ta faute.
Elle prend l’arme de son père et tue la vieille femme. Quand elle s’aperçoit de son geste, son cœur se remplit de remords et elle retourne l’arme contre elle et se fait sauter la cervelle.
Entre-temps, je suis de retour à la morgue, toujours en train de balayer le sol. La mère du flic se trouve sur une des tables d’autopsie, sur le point de se faire embaumer. Pendant que je manie le balai, son anneau de mariage glisse de son doigt et roule vers moi. Je me penche pour le ramasser. Pendant que je l’examine, une étoile filante traverse le ciel. L’étoile chute sur le sol et se transforme en une bague en or sur le trottoir.
J’observe la scène par la fenêtre et je vois cette même petite fille qui se retrouve au même endroit où le policier l’avait trouvée. Elle aperçoit la bague et se baisse pour s’en emparer. Nos regards se croisent et elle me sourit.
Et chaque fois que vous verrez une étoile filante, c’est toujours la même bague en or. Cette bague en or que la Reine d’Angleterre
vous donne en échange de vos couilles quand elle vient de vous les couper.
L’État du Texas condamne à la peine de mort le tueur en série Henry Lee Lucas
2
.
A
près avoir été condamné à la peine de mort par l’État du Texas, Henry Lee Lucas est inculpé en décembre 1990 pour quatre meurtres commis en Floride, où il devait être extradé et passer en jugement. À cette époque, il avoue tout d’abord être l’auteur de cent cinquante, puis de près de trois cents assassinats. Il parvient à convaincre un certain nombre de policiers de la véracité de ses dires et affirme avec aplomb avoir participé aux activités meurtrières d’une secte nommée « La main de la mort » avec son amant et complice Ottis Toole. Considéré comme un affabulateur, Lucas reste officiellement inculpé de vingt assassinats, d’autres juridictions ayant abandonné leurs poursuites pour s’épargner les controverses médiatiques attachées à sa personnalité. Certains procureurs hésitent à le poursuivre à cause du coût très élevé – parfois plusieurs millions de dollars –, de l’instruction d’un procès, d’autant que Lucas a déjà été condamné à mort au Texas.
Le 22 mars 1989, une première date d’exécution est fixée pour le 3 décembre 1990. Mais le 29 novembre elle est repoussée à une date ultérieure par la cour d’appel. Le 27 juin 1998, le gouverneur George Bush commue la peine de mort de Lucas en réclusion criminelle à perpétuité, car il est reconnu innocent du meurtre de « Orange Socks » – celui d’une jeune femme dont l’assassin court toujours. Il décède d’une crise cardiaque le 11 mars 2002.
Son complice Ottis Toole, quant à lui, est condamné à mort pour le meurtre de George Sonnenberg, le 18 mai 1984. Mais en
novembre 1985, la cour suprême de Floride change la condamnation à mort de Toole en perpétuité, estimant que son jugement n’a pas tenu compte de circonstances atténuantes, notamment son état de délabrement mental au moment du meurtre. Toole a aussi été condamné à la perpétuité pour l’assassinat d’Ada Mildred Johnson, 19 ans, en Floride. Il décède le 15 septembre 1996 des suites d’une maladie du foie dans la prison de Starke.
Gary Heidnik kidnappe Agnes Adams qu’il garde captive dans un puits creusé dans la cave de sa maison à Philadelphie.
I
nterné dès son adolescence pour des problèmes mentaux, Heidnik effectue vingt-deux séjours en hôpitaux psychiatriques. Au fil des ans, il est examiné par près de cent cinquante psychiatres et tente de se suicider à treize reprises ; parmi ces tentatives, il fonce à moto et percute un camion, il essaie de se pendre, il ingurgite à diverses reprises des médicaments et pulvérise une ampoule dont il avale le verre pilé. En 1968, il est âgé de 25 ans lorsqu’il tente d’assassiner son frère Terry à coups de planche.
Heidnik suit des études dans une école militaire où il se montre fasciné par tout ce qui touche aux affaires et au monde de la finance. Il s’engage dans l’armée en 1962, mais on ne le garde pas suite à divers problèmes. Lors d’un examen, un médecin militaire lui demande pourquoi il a un ruban attaché autour du gros orteil : « Je veux attraper la gangrène. J’espère qu’elle va se propager à travers tout mon corps, afin que je meure. »
Malgré tout, Gary Heidnik passe à travers les mailles du filet et fonde, en 1971, sa propre église, la United Church of the Ministries of God, qu’il fait fructifier, au point de s’acheter des Rolls, Cadillac ou Lincoln Continental. Arrêté en 1978 pour le kidnapping d’une femme de 34 ans atteinte de troubles mentaux, Heidnik passe quatre ans dans un établissement psychiatrique. En 1986, il s’achète
une maison à Philadelphie, dont il aménage la cave pour la transformer en un harem pour ses esclaves sexuelles.
En l’espace de quelques mois, du 26 novembre 1986 au 25 mars 1987, Heidnik kidnappe quatre jeunes femmes noires qu’il enchaîne, dénudées et affamées, pour les violer tous les jours ; si elles se rebellent, il les torture à l’électricité ou en leur enfonçant un tournevis dans l’oreille. À la moindre incartade, Heidnik les frappe à coups de manche de pelle. Deux d’entre elles meurent et sont démembrées. On le suspecte même de cannibalisme, puisque des restes humains sont découverts dans une casserole de sa cuisine. Comme dans le cas de Jeffrey Dahmer, le célèbre « Cannibale de Milwaukee », Heidnik est dénoncé par ses voisins qui se plaignent d’odeurs de putréfaction qui émanent de sa maison. Il est condamné à mort le 3 juillet 1988 et est exécuté le 6 juillet 1999.
Naissance de Clyde Barrow.
I
déalisés par le lyrisme d’Arthur Penn, Bonnie & Clyde n’ont pas toujours connu cette aura de « brigands bien-aimés », comme Robin Hood ou les frères Jesse et Frank James. Voici comment la presse française de 1934 relate leur mort (tout au long de l’article, le nom de Bonnie Parker est écorché par le journaliste qui l’identifie sous le nom de Barker, erreur que nous avons corrigée) :
« Par une étrange ironie du destin, c’est dans une petite ville de la Louisiane, qui porte le joli nom d’Arcadia, que viennent de trouver la mort il y a deux jours, sous les balles de la police, deux des plus dangereux bandits d’Amérique : Clyde Barrow et sa maîtresse Bonnie Parker, plus connue sous l’étrange sobriquet de “Sal-le-Suicide”.
Depuis que Capone est emprisonné et que la prohibition a été suspendue dans le monde interlope des États-Unis, décors et personnages semblent s’être brusquement transformés. De nos jours, en Amérique, l’élégant et riche gangster de la ville n’ayant
plus des millions à gagner facilement dans le trafic clandestin des alcools, s’est éclipsé, faisant place aux bandits de grands chemins, aux hors-la-loi qui, chaque jour, défient la police et semblent jouer avec celle-ci un match sans merci.
Ces vedettes du crime ne portent plus le smoking, mais le costume de sport ou, mieux encore, le fruste équipement des cow-boys et des trappeurs. Leurs jeunes femmes, elles aussi, sont alertes et sportives. Au lieu de mener, dans les bars secrets, l’étiolante vie des prostituées, elles ont préféré s’entraîner, aux côtés de leurs amants, à la course en auto et au tir à la mitrailleuse.
Ces redoutables hors-la-loi et leurs “Gun Molls”, c’est ainsi qu’ils appellent leurs compagnes, n’ont pas de lieutenants ou de tueurs pour exécuter leurs ennemis. Cette tâche, ils l’accomplissent eux-mêmes et, là où leurs autos sont passées, shérifs, policemen et gardes nationaux massacrés, marquent de leurs cadavres ensanglantés leur tragique randonnée.
Dillinger avait été désigné “Ennemi Public n
o
1”. Mais ce titre de champion du crime aurait pu aussi bien aller à Clyde Barrow, surnommé “Le Serpent à sonnette du Texas”. Sans doute, les douze meurtres qu’il avait commis, dans l’espace de dix-huit mois, lui auraient valu ce surnom. Mais la rumeur publique ajoutait que ce qui l’avait toujours distingué de ce reptile, c’est que le serpent à sonnette prévient son ennemi au moment de l’attaque par le bruit caractéristique qu’il émet ; alors que Clyde Barrow frappait sans prévenir.
C’était un mauvais garçon, un féroce et implacable tueur, qui n’avait jamais fait montre, dans aucune de ses nombreuses expéditions, du moindre trait d’humanité, et qui avait pour collaboratrice une femme aussi cruelle que lui : “Sal-le-Suicide”, la terrible gangsteresse aux cheveux roux, dont la seule passion était de fumer de gros cigares noirs, tout en mitraillant avec une précision quasi diabolique de malheureuses victimes…
Clyde Barrow avait débuté dans sa funeste carrière vers l’âge de 16 ans. Sa spécialité avait été tout d’abord le vol d’autos. Sa vieille mère, qui tient un poste d’essence à Dallas, dans le Texas, alla à plusieurs reprises implorer les juges en faveur de son fils et obtint quelquefois leur pardon. Puis, vers 19 ans, Clyde rencontra
un autre jeune criminel, Roy Hamilton, qui devint son associé. Un soir que les deux gangsters en herbe entraient dans un café de Dallas, leur attention fut attirée par la serveuse, une gamine de 15 ans à peine, dont la chevelure d’un rouge flamboyant rendait plus vive l’étrange flamme qui, par instants, luisait dans ses yeux noirs et cruels. Elle avait déjà eu comme ami un vaurien de petite envergure qui, au cours d’un vol, s’était fait prendre et jeter en prison. Bonnie Parker, ou “Sal-le-Suicide”, comme on l’appelait déjà, était seule au monde et obligée de se débrouiller. Mais son premier amant lui avait inculqué quelques notions utiles au métier de gangster : aussi n’ignorait-elle pas tout de la “profession”. Clyde Barrow et Roy Hamilton l’emmenèrent avec eux et ce fut dès lors un singulier ménage à trois, en même temps qu’une redoutable association criminelle. “Sal” n’avait pas de préférence bien marquée et partageait ses faveurs entre les deux hommes.
Durant de longs jours, le trio vécut de cambriolages, de vols d’autos et de coups de force sans éclat, jusqu’au moment où le premier sang fut versé. Ce jour-là, les deux bandits, secondés par leur maîtresse, massacrèrent derrière son comptoir un boutiquier, dans un petit bourg du Texas. Quelques jours plus tard, dans un dancing d’Oklahoma, Barrow et ses associés tuèrent le shérif de la région.
De vulgaires voleurs, Barrow, Hamilton et “Sal” étaient devenus tout à coup des tueurs professionnels. La petite troupe terrorisa le sud-ouest du Texas qu’elle sillonna dans une puissante auto. Cette voiture constituait en même temps un véritable arsenal ambulant. Bonnie Parker, alias “Sal-le-Suicide”, fumait ses gros cigares noirs tout en assumant le service des mitrailleuses. Elle ne manquait jamais son but. Clyde se vantait que sept policemen avaient payé de leur vie la vaine tentation de capturer le “Serpent à sonnette” et qu’ils avaient, au tableau de leur chasse, une douzaine de victimes.
Mais au milieu de leur vie de pillage et de meurtre, les bandits avaient conservé un goût enfantin, une manie absurde, pour les photographies d’amateurs. Rien ne leur plaisait plus que de poser devant l’objectif d’un Kodak, où “Sal” aimait par-dessus tout à prendre des poses avantageuses, fumant son éternel cigare et faisant mine, parfois, de menacer son amant du bout de sa carabine.
Pour cette semeuse de mort, le meurtre était une sorte de sport dont elle pressentait l’issue fatale lorsqu’elle écrivait ce poème :
Un jour on les descendra tous les deux dans la tombe
Et on les enterrera côte à côte.
Quelques-uns en auront du chagrin,
La loi en éprouvera un grand soulagement.
Mais, pour Bonnie et Clyde, ce sera la mort !
En effet, la fin de leur triste existence était proche. En janvier 1934, premier avertissement : Roy Hamilton fut capturé par la police et envoyé dans un camp de détenus. Clyde et “Sal” volèrent au secours de leur complice. Grâce à un coup de main d’une audace
inouïe, ils parvinrent à le faire évader et purent ainsi reprendre le cours de leurs exploits.
Mais, au cours de la détention de Roy, “Sal” s’était-elle rapprochée de Clyde plus qu’elle ne l’avait fait naguère ? Roy rendu à la liberté, devina-t-il qu’il existait une nouvelle intimité entre ceux qui l’avaient libéré ? Peut-être. Toujours est-il que Roy Hamilton, pour la première fois, connut les affres de la jalousie. Il se vengea en livrant Clyde et “Sal” à la police.
L’épilogue survint lorsque l’auto des tueurs fut surprise alors qu’elle roulait à toute vitesse sur la grand-route, près d’Arcadia. Depuis trois semaines, les policiers, à cet endroit, guettaient le passage du couple. Frank Halmer, garde forestier, l’un des meilleurs tireurs de la région, avait accompagné les policiers. Aussitôt qu’il aperçut l’auto des gangsters, il la mit en joue : “L’idée de tuer une femme me faisait horreur, racontera-t-il plus tard, mais je me disais que si je lui faisais grâce, c’était la vie de bien d’autres hommes qui était en jeu. Ces “rats humains” étaient sans pitié ! Alors, on n’avait pas le choix : j’ai tiré.”
La balle de Frank Halmer frappa-t-elle en plein cœur la gangsteresse aux cheveux rouges ? On ne le saura jamais. Après le premier coup de feu du garde forestier, la police mitrailla aussitôt l’auto et ses occupants, qui furent déchiquetés par les balles.
Lorsqu’enfin cessa le feu, on trouva la voiture qui avait capoté, couchée dans un ravin. Clyde Barrow, mort, le corps tordu, s’agrippait encore au volant. À ses côtés, Bonnie Parker était couchée en travers de sa mitrailleuse, serrant entre ses doigts le mégot éteint d’un dernier cigare. Si grande était la crainte de la police devant les “rats humains”, qu’elle ne se résolut à s’approcher d’eux que lorsque leurs cadavres eurent été transpercés de quarante balles au moins.
Sans toucher à ces dépouilles sanglantes, les policiers prirent l’auto des bandits à la remorque de la leur et regagnèrent Arcadia. Ce fut un étrange et macabre cortège que cette forteresse ambulante, promenée à travers les rues de la petite ville, avec le mort toujours agrippé au volant et le corps de la jeune femme écroulé sur sa mitrailleuse.
Unis dans le meurtre, Clyde et “Sal” devaient être séparés dans la mort. Les deux cadavres furent entreposés dans deux
morgues différentes. Une foule de curieux les assiégea aussitôt pour contempler les dépouilles affreusement mutilées des deux misérables. On admira les cuisses tatouées de “Sal”, qui portaient deux cœurs entrelacés et percés d’une flèche.
Quelques jours plus tard, le corps du “mauvais garçon” et celui de la gangsteresse étaient inhumés dans deux cimetières différents. La prophétie de “Sal-le-Suicide”, la tigresse aux cheveux rouges, ne s’était pas réalisée. Les deux amants tragiques ne dorment point couchés côte à côte. »