Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Le tueur en série Christopher Wilder est abattu par la police.
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hristopher Wilder est un coureur automobile condamné pour crimes sexuels en Australie, qui émigre aux États-Unis. En 1984, Wilder traverse le pays en voiture pour kidnapper, violer et tuer au moins douze femmes. Il oblige une de ses victimes à participer à plusieurs exécutions. Curieusement, il relâche une des femmes et lui donne même un billet d’avion pour la Californie. Il est tué, le 13 avril 1984, lors d’un échange de coups de feu avec la police.
Cheryl Crane, fille de l’actrice Lana Turner, assassine à l’âge de 14 ans le gangster Johnny Stompanato.
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e 14 avril 1958, Johnny Stompanato, voyou et amant de Lana Turner, est assassiné par Cheryl Crane, fille de Lana et de Steve Crane. Stompanato est l’ancien garde du corps du célèbre gangster Mickey Cohen. Au cours d’un procès dramatique, Lana Turner fait une déposition digne d’un oscar et le verdict du jury est unanime : Cheryl Crane est acquittée. Pour se venger de Lana Turner, qu’il considère comme responsable de la mort de son ami, Mickey Cohen divulgue aux journaux à scandales les lettres d’amour de Lana adressées à Stompanato ; malgré leur publication,
le public soutient l’actrice, qui poursuit sa carrière. Selon certains, Cheryl Crane se serait sacrifiée pour sauver sa mère qui serait la véritable meurtrière.
Une infirmière néerlandaise est acquittée pour le meurtre de sept patients.
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ucia de B. est lavée de l’accusation de sept meurtres et de trois tentatives pour laquelle elle a été condamnée à la perpétuité par un précédent jugement. Le tribunal d’Arnhem aux Pays-Bas décide d’acquitter cette femme de 48 ans, sur le motif qu’il ne peut être clairement établi que le décès des victimes soit lié à une intervention humaine. La décision de la cour est applaudie par le public qui assiste à l’audience. Lucia de B., emprisonnée depuis six ans et demi, a toujours clamé son innocence. Ce jugement, à l’opposé de la première condamnation qui faisait de l’infirmière une tueuse en série, est sans précédent dans l’histoire de la justice aux Pays-Bas. Le procès et son appel s’éternisaient depuis 2001. La cour n’a retenu aucun des autres chefs d’accusation à l’encontre de Lucia de B., qu’il s’agisse de vol de médicaments ou de la falsification de ses diplômes.
Un Espagnol se promène dans une rue de Santomera avec la tête de sa mère dans un torchon.
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ngelo Carotenuto Macanas, 34 ans, est arrêté alors qu’il déambule sur la place principale de la commune de Santomera, non loin de Murcie, en tenant entre ses mains, enveloppée dans un torchon, la tête de sa mère. Le parricide s’adressait aux passants en précisant qu’il s’agissait bien de la tête de sa mère. Il avoue à la police qu’il l’a décapitée
avec un grand couteau, dans le bar qu’il gère pour celle-ci, le
Mar de Galilea
. L’homme était connu des services de police pour des faits de violences à l’encontre de sa mère, Teresa Macanas, 56 ans, et avait été interné à plusieurs reprises pour des problèmes psychiatriques.
Naissance du tueur en série John Paul Knowles.
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ntre le 26 juillet 1974 et son arrestation le 17 novembre de la même année, celui que l’on surnomme « The Casanova Killer » assassine et viole trente-cinq personnes. Le 18 novembre, il est abattu par un agent du FBI alors qu’il tente de s’enfuir.
Pendant sa cavale, Knowles fait la connaissance d’une journaliste britannique Sandy Fawkes, le 8 novembre 1974, dans un bar d’Atlanta. Leur brève histoire d’amour s’achève deux jours plus tard. En 1977, Fawkes publie
Killing Time
, un récit sur leur rencontre
3
. Puis, en 2014, elle récidive avec
Natural Born Killer : In Love and on the Road with a Serial killer
.
Condamnation à la peine de mort de Judith Ann Neelley, âgée de 18 ans. Elle est, à ce jour, la plus jeune condamnée à mort de l’histoire de la justice américaine.
A
lvin Neelley a tout de la caricature du sudiste bon vivant. Obèse, le sourire aux lèvres, son premier mariage se termine en désastre lorsqu’il est emprisonné pour avoir tiré sur sa femme. À sa sortie de prison, il rencontre une adolescente, Judith
Ann, et leur couple psychopathique forme un dangereux mélange de « folie à deux ». De 1979 à 1982, Alvin et Judith écument les États du sud des États-Unis, pour y commettre des braquages et des escroqueries. Ils sont emprisonnés à plusieurs reprises, et Judith donne même naissance à des jumeaux derrière les barreaux. Sous les pseudonymes de « Lady Sundance » et « The Nightrider », ils pratiquent un échangisme mortel, violent, torturent (par injection de liquides abrasifs !) et tuent leurs victimes de rencontres. Ils sont accusés de quinze meurtres, dont la plupart sont commandités par la frêle Judith Ann Neelley. En avril 1983, elle est, à 18 ans, la plus jeune condamnée à mort des annales de la justice américaine ; à ce jour, elle attend toujours son exécution dans la prison de Wetumpka, en Alabama. Alvin Neelley purge deux condamnations consécutives à perpétuité.
Le tueur dit « Monstre de sang » décapite une lycéenne dans l’Aisne.
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ewis P., 21 ans, que l’accusation présente comme un homme d’une « perversité inouïe qui se nourrit de la monstruosité de son acte », est condamné, le 1
er
octobre 2014, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans. Adolescent fasciné par les films d’horreur et les livres sur les tueurs en série, Lewis P. décide de « tuer quelqu’un pour répondre à des pulsions morbides après une déception amoureuse ».
Le 19 avril 2012, il donne rendez-vous à Sonia, une jeune fille de 17 ans, près des ruines de l’abbaye Saint-Vincent, sur les hauteurs de Laon. Le lendemain, il raconte à son ex-petite amie avoir tué la lycéenne, expliquant que le meurtre « n’était pas aussi bien que ce qu’[il] pensait ». Arrêté peu de temps après, il avoue rapidement, avant de conduire les enquêteurs auprès du corps de sa victime, caché sous des tôles. Lewis l’a lardé d’une soixantaine de coups de couteau.
Pendant l’audience, il explique son geste : « L’envie de tuer devenait obsessionnelle. Je m’ennuyais tout le temps, alors j’ai cherché quelque chose qui me procure des émotions. » « Celui dont le pseudo Facebook était “Monstre de sang” a pensé rationnellement son acte », indique l’avocat général, qui évoque « les fantasmes morbides de Lewis P., qui rêvait depuis très longtemps de commettre un crime parfait, une œuvre d’art pour sa psychologie perverse ». Après avoir exprimé des regrets pour son geste, Lewis P. n’a pu s’empêcher d’esquisser un large sourire à l’énoncé du verdict.
Quatorze ans après un meurtre et un viol aux Pays-Bas, le coupable est identifié grâce à l’ADN.
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a plus longue enquête jamais menée aux Pays-Bas a entraîné la condamnation à dix-huit ans de prison, par le tribunal de Leeuwarden, de Jasper S., un fermier de 45 ans, père de famille, qui avait violé et égorgé Marianne Vaatstra, âgée de 16 ans, le 1
er
mai 1999. Le meurtrier a vécu pendant 13 ans à environ 2 km du champ où le corps de la jeune fille avait été retrouvé sans jamais être soupçonné.
L’enquête n’avait rien donné, avant que la promulgation d’une nouvelle loi n’autorise la police à effectuer des prélèvements ADN sur un large groupe de personnes et à les comparer aux traces ADN prélevées sur une scène de crime. Plus de sept mille hommes de la région ont été soumis à un prélèvement ADN au cours du mois de septembre et Jasper S. s’est même porté volontaire, estimant que « la partie était perdue », selon l’agence de presse néerlandaise ANP.
En 1999, deux demandeurs d’asile, de nationalité afghane et irakienne, avaient été désignés comme coupables, ce qui avait entraîné une poussée xénophobe aux Pays-Bas. Mais l’ADN avait permis de les exonérer totalement de ce crime.
Le tueur en série Ed Kemper tue et décapite sa mère à Santa Cruz, en Californie.
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nterné pour le meurtre de ses grands-parents le 27 août 1964 alors qu’il est âgé de 15 ans, Ed Kemper est considéré comme guéri cinq ans plus tard. Il est confié à la garde de sa mère, qu’il déteste. En l’espace de huit mois, à partir du 7 mai 1972, il assassine six jeunes auto-stoppeuses en pratiquant parfois des actes de nécrophilie et de cannibalisme.
De février à avril 1973, Ed Kemper boit énormément et se chamaille sans cesse avec sa mère. Il perd souvent tout contrôle et envisage des projets insensés : « Je voulais faire une démonstration aux autorités de Santa Cruz. Leur prouver que je ne plaisantais pas, qu’ils avaient vraiment affaire à un monstre. J’avais envie de détruire tous mes voisins, une douzaine de familles. Mon attaque aurait été lente, méthodique, silencieuse. Je savais que je pouvais le faire. »
Finalement, lors du week-end pascal, il tue sa mère endormie à coups de marteau avant de la décapiter et d’en violer le corps. « La semaine qui précède l’assassinat de ma mère, je me fais tout un cinéma dans la tête. Ma mère va mourir. Je vais la tuer. Ensuite je me rendrai à la police avec l’espoir de me faire abattre en plein milieu de la rue. Et ils seront dans la merde. Ce sera à eux de tout expliquer puisque je ne serai pas là pour le faire. Toute la semaine cette conviction m’envahit de plus en plus. Le Vendredi saint je ne travaille que le matin, je rentre à Santa Cruz dans l’après-midi. Je bois pendant la soirée. Je dors quand ma mère rentre à la maison. Les événements se déroulent comme je les avais envisagés. Je me réveille après son retour. Les derniers mots, la dernière dispute. Je vais dans sa chambre pour discuter. Je ne cherche pas d’excuses pour expliquer mon geste. Je veux simplement vous dire qu’au fond de moi je souhaitais pouvoir prononcer les mots qu’il fallait, ou qu’elle dise quelque chose qui aurait stoppé net cette folie. J’avais ce petit espoir naïf en moi. Hélas… Elle est en train de lire,
elle pose son livre et me déclare : “Oh, mon Dieu, tu vas rester debout toute la nuit pour me parler ?” C’était une de ses expressions favorites quand je venais dans sa chambre le soir. La plupart du temps, je répondais non et je tournais les talons. Elle savait alors qu’elle m’avait blessé, que le lendemain tout redeviendrait normal. Ce soir-là, j’avais décidé que nous ne parlerions pas. Je retourne dans ma chambre pour m’allonger un moment. Je reste deux ou trois heures sans pouvoir m’endormir. Il doit être 4 ou 5 heures du matin. Je vais dans sa chambre, le marteau à la main, et je lui défonce la tempe, je lui tranche la gorge, je soulève le menton et lui découpe le larynx avant de le jeter dans le vide-ordures : depuis que je suis tout petit, elle n’a jamais arrêté de hurler et de m’engueuler. J’ai toujours considéré ma mère comme quelqu’un de très impressionnant, un être quasiment indestructible. Elle a eu une influence considérable sur ma vie. Je suis très surpris de me rendre compte à quel point elle est vulnérable, aussi humaine que mes autres victimes… J’en reste choqué un bon moment, et j’en suis toujours bouleversé, même si sa disparition me soulage. »
La tête, sur le manteau de la cheminée, sert de cible aux fléchettes que Kemper lui lance en l’insultant. Le lendemain, il rencontre un ami qui lui doit dix dollars depuis pas mal de temps. Kemper s’apprête à le tuer, mais l’homme le rembourse, ce qui lui sauve la vie.
Toujours sous l’emprise d’une frénésie meurtrière, Kemper téléphone à Sally Hallett, une amie de sa mère, et l’invite pour un dîner surprise. Dès qu’elle s’assoit, Sally est assommée, étranglée et décapitée : « Dès son arrivée, elle se laisse tomber sur une chaise en me disant qu’elle est morte de fatigue. Après tout, je l’ai prise au mot. » Kemper dépose le corps sur son lit avant de s’endormir dans la chambre de sa mère. À son réveil, le dimanche de Pâques, il quitte la maison en voiture et laisse ce mot :
« Samedi, 5 heures 15 du matin. Pas besoin qu’elle souffre à cause de l’horrible “Boucher sanglant”. Ce fut bref – elle dormait – je voulais qu’il en soit ainsi. C’est pas du travail négligé et incomplet, les gars. Simplement, un manque de temps. J’ai des choses à faire ! »
Au bout de quarante-huit heures de route, Kemper est surpris qu’on ne l’ait pas arrêté, sauf pour lui donner une contravention pour excès de vitesse. Il se bourre de pilules pour rester éveillé et poursuit sa route jusqu’au Colorado : « Je redoutais que le moindre incident me fasse complètement perdre la boule. Jamais je n’avais ressenti une telle impression. J’ai eu peur. » Il téléphone à ses amis policiers de Santa Cruz pour se rendre, mais, gag ultime, personne ne le croit ! On lui raccroche plusieurs fois au nez. Il parvient tout de même à convaincre un des policiers et on l’arrête. Condamné à la prison à vie, Ed Kemper
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est toujours derrière les barreaux de la prison de Vacaville.
Quintuple infanticide à Corancez pour lequel le père assassin, Édouard Brierre, est condamné à la peine capitale, avant que celle-ci ne soit commuée en réclusion criminelle à perpétuité.
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e quintuple assassinat, quatre filles et un garçon, âgés de 4 à 15 ans, est une affaire criminelle qui connaît un immense retentissement en France. Édouard Brierre est un fermier sans histoire, établi près de Chartres et qui élève seul ses six enfants depuis qu’il est veuf en 1897. Vers 3 heures du matin dans la nuit du 22 avril 1901, les hurlements du fermier réveillent ses voisins les plus proches. Brierre gît sur le sol de la cuisine et il a quelques blessures superficielles, à l’exception d’une plaie à quelques centimètres du cœur. Toutes les petites victimes ont eu le crâne défoncé. Seule une des sœurs, plus âgée, qui travaille à Paris, a pu survivre au massacre.
Lors des interrogatoires, Brierre affirme avoir été attaqué par deux inconnus : « J’avais à peine dépassé les grandes portes qu’un individu se jeta sur moi et me porta des coups d’un instrument tranchant. Un autre individu, que je n’ai pas vu, m’a frappé la tête. J’ai perdu connaissance et je ne me rappelle plus rien. Plus tard, je me suis traîné comme j’ai pu sur la route où j’ai crié : “Au secours !”. » Tout au long du procès, qui se déroule du 16 au 21 décembre 1901, Brierre clame son innocence. Mais le ministère public et les gendarmes ne le croient pas : « C’est pour vous remarier que vous avez tué. » Sa future épouse aurait déclaré qu’il avait trop d’enfants. Le mobile est faible, mais il ne faut qu’une heure et vingt minutes aux jurés pour le condamner à la peine de mort. Sa peine est commuée le 28 janvier 1902 par le président Émile Loubet. Édouard Brierre meurt le 28 mars 1910, à Saint-Laurent-du-Maroni, au bagne de Cayenne, emporté par la fièvre, sans que l’on sache s’il était innocent ou coupable de ce crime atroce.