Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Naissance de Gary Gilmore, le tueur qui a demandé à être fusillé par un peloton d’exécution en Utah.
D
élinquant multirécidiviste, Gilmore passe une bonne moitié de son existence derrière les barreaux. Libéré en avril 1976, il se sent déphasé et noie sa haine de la société dans la boisson. En juillet 1976, il abat deux hommes de manière totalement gratuite et ne cherche même pas à effacer les preuves de ses actes. Arrêté peu de temps après, il est condamné à la peine de mort et crée la controverse en renonçant à toutes les procédures d’appel. Norman Mailer traite de son cas dans son livre
Le Chant du bourreau
.
La police mexicaine découvre avec effarement les corps de quatre-vingts femmes, onze hommes et de nombreux bébés enterrés près du rancho « El Angel », dans l’État de Guanajuato.
L
es coupables sont deux sœurs, Delfina et Maria Gonzales, respectivement âgées de 52 et 39 ans, tenancières de bordel. Arrêtées alors qu’elles tentaient de fuir aux États-Unis, elles sont condamnées à quarante années de prison.
L’empoisonneuse en série autrichienne Martha Marek est guillotinée à Vienne.
A
vec son époux Emil, Martha Marek tente d’escroquer une compagnie d’assurances en faisant croire qu’il s’est accidentellement coupé la jambe en abattant un arbre. Martha est plutôt maladroite et il faut trois tentatives pour trancher le membre à la hache, mais les assureurs refusent d’accréditer cette thèse.
En 1932, Emil décède soi-disant de tuberculose et, quelques semaines plus tard, c’est leur fille âgée de 9 mois qui meurt. Puis c’est au tour d’un parent âgé et d’un locataire qui étaient assurés sur la vie au profit de Martha Marek. Ces décès éveillent les soupçons et les cadavres sont exhumés en 1938. Le légiste indique qu’ils ont été empoisonnés au thalium. Elle est guillotinée par le bourreau Johann Reichhart, qui a exécuté 3 165 condamnés entre 1924 et 1947.
Une femme de 86 ans est victime d’un viol dans une résidence pour personnes âgées à Herford, en Allemagne.
E
n novembre 2002, une première femme de 90 ans se fait violemment agresser et violer dans la résidence de personnes âgées Ernst-Louisen, à Herford, dans le land allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Honteuse, elle n’ose pas dénoncer l’attaque dont elle a été victime et raconte que ses blessures sont dues à un accident. Le 7 décembre, une femme de 86 ans séjournant dans la même résidence subit également un viol. Traumatisée, elle n’est pas en mesure de donner des indications exploitables sur l’identité de son agresseur.
Le 1
er
janvier 2003, une infirmière aperçoit un homme alors qu’il s’enfuit en enjambant la balustrade d’un balcon. Grâce à son témoignage, un portrait-robot de l’agresseur présumé peut désormais être établi. À ce stade de l’enquête, la police recherche « un homme de 20 à 35 ans, mince, mesurant environ 1,75 mètre, aux cheveux courts, blonds et légèrement ondulés ». Le 18 janvier 2003, on retrouve le cadavre de Lina R., 94 ans, dans sa chambre. L’autopsie révèle des lésions internes, de multiples coups au visage, une fracture du crâne et de la colonne vertébrale ainsi que de nombreuses côtes cassées. Lina a en outre été violée de façon brutale ; elle est décédée au cours de l’acte sexuel. Son agresseur s’est introduit dans les lieux par le balcon. En janvier, une cellule spéciale de recherche, forte de vingt hommes, est mise en place afin de retrouver l’agresseur de (très) vieilles dames. L’auteur des faits ayant laissé des traces ADN, les enquêteurs procèdent à un prélèvement de salive auprès de quelque 2 500 hommes âgés de 16 à 50 ans et habitant dans un rayon de 500 mètres, l’agresseur et meurtrier ayant rendu des « visites » répétées à la résidence. Cette opération leur permet de confondre un jeune homme – correspondant au prélèvement n
o
1437 –, âgé de 20 ans au moment des faits, et dont l’arrestation a lieu le 27 mars 2003 au terme de deux mois d’enquête de la cellule spéciale. Il reconnaît s’être introduit dans la Résidence Ernst-Louisen aux dates indiquées
par les policiers, chaque fois après une soirée passée en discothèque, mais il affirme ne plus se souvenir exactement de ce qui s’y est produit à cause de sa consommation de drogues et d’alcool. Il est interné dans le département de psychiatrie judiciaire de la clinique westphalienne de Lippstadt-Eickelborn. Il s’agit de Maik Z., un maçon au chômage, qui expliquera lors de son procès que, enfant, il s’est fait violer pendant des années par un voisin à la retraite qui lui affirmait que c’était une chose « normale ». Depuis, il nourrit des fantasmes sexuels sur les personnes âgées. Sa petite amie, qui a déclaré n’être au courant de rien, habitait en face de la résidence pour personnes âgées, d’où il ne cessait d’observer les femmes.
Maik Z. a été inculpé de viol ayant entraîné la mort par le tribunal de Bielefeld. L’accusation a réclamé, outre une condamnation, un internement de longue durée en psychiatrie. Deux experts ont déclaré que l’accusé souffrait en effet de graves perturbations du comportement sexuel. Le principal mobile de Maik Z. semblait être le désir d’exercer sa toute-puissance face à une personne sans défense.
À l’issue de son procès, Maik Z. a été condamné à neuf ans et demi de prison pour mineurs. Il encourait la peine maximale de dix ans.
Mark Chapman assassine John Lennon.
L
’ex-Beatle est abattu de quatre balles de revolver devant l’entrée de son immeuble, le Dakota Building, proche de Central Park, à New York. Son meurtrier, Mark Chapman, reste sur place et attend que la police vienne l’arrêter. Il tient son livre de chevet,
L’Attrape-cœurs
de J. D. Salinger, entre les mains. Fasciné par le héros du roman, Mark Chapman s’identifie à Holden Caulfield, un solitaire, qui se sent rejeté par le monde entier.
Dans plusieurs entretiens, le tueur reconnaît qu’il a voulu devenir célèbre à l’image de son idole. Ses demandes de libération conditionnelle ont été rejetées à huit reprises depuis sa condamnation
à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt ans.
Le capitaine de marine Dudley et son pilote Stephen sont condamnés à mort pour avoir égorgé un de leurs compagnons, afin de boire son sang et dévorer sa chair.
V
ictimes d’un naufrage, ils dérivent sur une chaloupe, avant d’être finalement recueillis par un navire de passage. Ils en sont venus à se dévorer entre eux pour survivre. Leur peine est commuée par la reine d’Angleterre en six mois de prison.
Arrestation de Gary Lewingdon, auteur, avec son frère Thaddeus Charles, de dix meurtres, en 1978, à Columbus, dans l’Ohio.
E
ntre le 10 décembre 1977 et le 4 décembre de l’année suivante, dix hommes et femmes de tous âges sont abattus avec une arme à feu de calibre.22. Pour deux de ces crimes, Claudia Yasko, une jeune femme de 26 ans, dénonce son compagnon et l’un de ses amis. Tous les trois sont arrêtés et inculpés de ce double assassinat jusqu’à l’arrestation des deux frères Lewingdon qui avouent en être les auteurs. Ils se font prendre car ils ont utilisé la carte bancaire d’une de leurs victimes.
Un « vampire » assassine et boit le sang d’un jeune homme de 21 ans en Écosse.
L
e 11 décembre 2002, Thomas McKendrick, 21 ans, est tué à son domicile de Fauldhouse, en Écosse. Il a été frappé avec une batte de base-ball, un marteau et achevé à coups de poignard assénés sur la tête et le reste du corps. Lors de l’enquête qui conduit à l’arrestation d’Alan Menzies, 22 ans, le 11 janvier 2003, l’accusé se confie au détective Robert Lowe : « J’ai bu son sang et dévoré un morceau de son crâne. Il y avait du sang partout et je l’ai enterré dans les bois. J’ai transporté le corps avec une brouette […] Je sais que je vais me coltiner 20 à 25 ans pour ça, mais son âme m’appartient. » Lors d’une fouille au domicile de Menzies, les policiers découvrent de nombreuses vidéos de films de vampires, notamment
Queen of the Damned
, adapté d’Anne Rice, dont un des ouvrages est copieusement annoté. Parmi ces notes, on peut lire : « J’ai choisi ma destinée : devenir un vampire. Le sang est trop précieux pour être gâché par des humains » ou encore : « Le sang est la Vie, j’ai bu le sang et, maintenant, il sera mien car j’ai affronté l’horreur. » et : « Le Maître va venir me chercher, il m’a promis
l’immortalité car je suivrai leurs moindres commandements. » Le père d’Alan, Thomas Menzies, 49 ans, montre à la cour d’Édimbourg plusieurs courriers envoyés par son fils depuis qu’il est en prison. Il désigne « Akasha » comme sa mère et « Lestat » comme son père – deux noms portés par des personnages de romans d’Anne Rice. Les mots sont écrits avec du sang.
Le 15 novembre 2004, Alan Menzies est découvert mort dans sa cellule. Les circonstances de son décès font toujours l’objet d’une enquête. Il purgeait une condamnation à perpétuité assortie d’une peine incompressible de dix-huit années.
Un expert britannique de Sherlock Holmes se suicide pour faire accuser un rival, dans un complot inspiré par une nouvelle de Conan Doyle.
C
’est ce qu’ont suggéré des amis du défunt cités par le
Sunday Times
du 12 décembre 2004. La justice avait reconnu, en avril 2004, n’avoir pas pu conclure si le décès « très inhabituel » de Richard Lancelyn Green, auteur d’un livre sur sir Arthur Conan Doyle et ancien président de la Sherlock Holmes Society de Londres, était un meurtre ou un suicide. Mais les amis de Lancelyn Green pensent que l’expert a déguisé son suicide en meurtre. Il se serait inspiré d’une nouvelle de Conan Doyle,
Le Problème du pont de Thor
, dans laquelle l’épouse d’un magnat organise son suicide. Elle veut faire croire à un meurtre, dont sa gouvernante sera accusée. Richard Lancelyn Green, 50 ans, avait été très affecté d’apprendre que des archives de Conan Doyle, qu’il avait passé vingt ans de sa vie à rassembler, allaient être vendues aux enchères par Christie’s. Il aurait organisé son suicide de manière à attirer les soupçons sur un universitaire américain, coupable selon lui d’avoir laissé se disperser les archives. C’est du moins la théorie de ses amis. À l’époque, il avait confié à un journaliste que « quelque chose risquait de lui arriver », assuré le 26 mars à un ami que « quelqu’un conspirait contre lui » et remplacé sur son
répondeur son message habituel par un autre, enregistré avec une voix américaine. Il avait été découvert peu de temps après étranglé sur son lit, entouré d’animaux en peluche et d’une bouteille de gin, à son domicile de South Kensington, dans l’ouest de Londres.
Exécution sur la roue de Blaise Ferrage, dit « Sévé », le tueur cannibale de Comminges.
C
e texte est extrait de
La caverne des brigands ou recueil des assassinats, des vols, des brigandages, des scélérats qui ont expié leurs crimes
(Locard et Davi, 1814) :
« Blaise Ferrage Peyé, né dans le comté de Comminges, en 1757, était maçon de profession. Quoique d’une petite taille, il était nerveux et d’une force de corps extraordinaire. Cette vigueur physique était jointe au moral le plus atroce. Libertin par tempérament, dès sa première jeunesse, il poursuivait et prenait par force les femmes comme un satyre. Ne pouvant satisfaire à volonté la brutalité de ses passions sous les yeux des lois, protectrices des mœurs, il se bannit lui-même du commerce des hommes à l’âge de 22 ans, se retira dans les montagnes d’Aure, voisines de sa patrie, et s’y établit dans une caverne ouverte dans un rocher assez élevé ; et c’est là qu’il résolut de subsister par la force et la cruauté.
De sa caverne, à l’heure des ténèbres, comme les animaux de proie, mais plus déterminé et féroce encore qu’eux, il se répandait dans les cavernes d’alentour, enlevait les femmes et les filles qu’il pouvait rencontrer ou surprendre, poursuivait à coups de fusil celles qui fuyaient, et le moment qu’il les avaient blessées, il courait à sa proie, et ce monstre consommait son crime à l’instant même où ses victimes luttaient contre la mort. Les habitants des campagnes voisines ayant pris des précautions pour se garantir de ses vols, on assure que le défaut de subsistances le rendit anthropophage, et qu’il se nourrissait de la chair des personnes du sexe qu’il avait enlevées, dont il coupait d’abord le sein, arrachait les entrailles et le foie qui étaient pour lui une nourriture exquise. Ce scélérat outrageait également l’enfance, la jeunesse et la vieillesse même.
Pendant trois ans qu’il continua impunément ce genre de vie monstrueux, on fait monter à plus de quatre-vingts le nombre des femmes et filles qu’il massacra et dévora ensuite.
Ce que la fable avait imaginé de Polyphème, il le réalisa dans son antre. On le voyait accroupi sur la cime des montagnes, dont la base était couverte de forêts, repaire des ours, des sangliers et des loups, attendant comme eux l’occasion et l’heure du carnage. Il menait la vie la plus dure, toujours environné de neiges, au milieu des bois et des rochers, bravant les injures de l’air comme les aiguillons du remords. Il ne marchait jamais qu’armé d’un fusil à deux coups, d’une ceinture de pistolets et d’une dague. Il avait répandu une telle terreur dans le pays par ses vols et ses assassinats que la maréchaussée n’osa pas entreprendre de l’arrêter, quoiqu’il vînt quelquefois à Montrigean, ville voisine, pour acheter de la poudre et des balles. Il fut une seule fois arrêté, et trouva le secret de s’évader.
Il venait encore de commettre deux crimes connus et prouvés. Il soupçonnait un laboureur d’avoir voulu le faire arrêter. Pour se venger, il mit le feu à une grange qui renfermait ses bestiaux, et sa haine assouvie contempla l’incendie d’un œil satisfait.
Un malheureux Espagnol, marchand de mules, qui traversait le pied de ces montagnes pour venir en France faire des achats, rencontra ce guide fatal, qui l’assista et s’offrit à le conduire sur les terres de France. Sous ce prétexte hospitalier, il l’attira dans sa caverne, où il l’assassina ; il en portait encore le manteau dans sa prison.
Cependant la terreur augmentait tous les jours. On ne parlait que de Ferrage, et l’on cherchait les moyens de s’en délivrer. Les communautés des habitants du canton, épouvantées de ce voisinage, promettaient des récompenses à l’homme adroit qui saurait l’attirer dans les fers de la justice, car la force ne paraissait pas le moyen le plus sûr. On ne pouvait escalader le mont où était sa caverne que par des sentiers très rudes et très étroits ; il était toujours armé, toujours sur ses gardes, dans la crainte d’être surpris. Enfin, la ruse fit ce que la force n’osait tenter.
Un particulier dont la conduite n’était pas sans reproche, pour faire oublier ses écarts et en obtenir le pardon, s’offrit à livrer ce scélérat. Il se retira dans les mêmes montagnes, et feignit d’y choisir
comme lui sa retraite contre les poursuites de la justice. Ferrage le crut, et se lia avec lui sans défiance et sans soupçon. Enfin, par l’adresse de son nouveau compagnon, il fut trahi et découvert une nuit qu’il s’était égaré dans les montagnes, et sa force funeste fut enfin enchaînée par la multitude des forces réunies.
Son procès ne fut pas long. Il fut condamné, par le parlement de Toulouse, à être rompu vif, le 12 décembre 1782, et fut exécuté le lendemain. »
Surnommé « Sévé » ou « La Bête de Comminges », Ferrage est âgé de 25 ans lors de son arrestation. Condamné au supplice de la roue, puis à être brûlé vif, on préféra au feu une exposition en place publique. Une foule considérable, venue de tout le département, assista à son exécution où le condamné ne laissa paraître aucune expression de peur ou de douleur.