Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Condamnation définitive de Kathleen Folbigg, une mère de famille qui a tué ses quatre bébés en Nouvelle-Galles du Sud.
K
athleen Folbigg, 36 ans, a été condamnée à quarante ans de prison par un tribunal de l’État de Nouvelle-Galles du Sud le 24 octobre 2003. L’appel de son avocate a été rejeté un an plus tard, le 17 novembre. Elle devra purger au minimum trente ans avant d’espérer une libération conditionnelle. Elle vivait à Hunter Valley, lorsqu’elle a étouffé Caleb, âgé de 19 jours en 1989, puis Patrick, Sarah et Laura, qui avaient moins de un an. Tous ces crimes ont été commis entre 1991 et 1999. Selon le juge Barr, qui préside aux débats, l’accusée n’a pas prémédité ses crimes mais elle est incapable de gérer le stress lié aux soins à apporter à des bébés, à cause de graves troubles de la personnalité. Kathleen Folbigg a subi des abus physiques, psychologiques et peut-être sexuels de la part de son père, Thomas Britton, un gangster qui a assassiné sa mère en 1968 alors qu’elle n’était âgée que de 18 mois. Avant son décès, sa mère négligeait complètement son enfant qui n’a jamais connu le sens du mot amour maternel. Pour le juge Barr, Folbigg n’est pas une mère cruelle, elle est simplement incapable d’occuper cette fonction : « Je crois qu’elle a des remords, mais elle ne peut pas reconnaître la portée des actes qu’elle a commis. Si elle y parvient, elle pourrait très bien se suicider. » Pour tenter d’empêcher cette issue fatale, Folbigg est confinée dans sa cellule vingt-deux heures sur vingt-quatre, et fait l’objet d’une surveillance permanente.
Incapable de se confier à quiconque, y compris son propre mari, Kathleen Folbigg a couché sur le papier ses pensées les plus intimes. Son journal révèle l’attente joyeuse du premier bébé : « On t’attend tous, petit enfant, quand vas-tu venir ? » Lorsque la naissance se concrétise, elle est surprise de ne pas éprouver d’amour. Elle reste assise chez elle, seule, à se demander pourquoi. Elle espère y remédier en donnant le sein au bébé, afin de créer un lien. « Je sais que mes seins sont comme ceux de toutes les autres
mamans, alors pourquoi je n’y arrive pas ? » L’idée même d’allaiter la révulse.
À chaque naissance, elle se sent abandonnée par la famille et ses amis. Avant, elle était l’objet de toutes les attentions ; ensuite, c’est l’enfant qui devient roi. Ce sentiment de rejet se transforme en une colère qui la pousse à tuer, avant que le désir d’être mère ne reprenne le dessus. À chaque mort, Kathleen demande à Craig son époux de repeindre les murs de la maison d’une couleur différente pour prendre un nouveau départ. On remet les compteurs à zéro, en quelque sorte.
Elle sait qu’elle est capable de tuer, qu’elle ne peut pas s’en empêcher. Elle se sent terrorisée lorsqu’elle est seule avec le bébé, elle s’en éloigne alors pour essayer de se calmer en regardant nager les poissons de l’aquarium. La colère s’enfuit par la suite. Quelquefois. « Je ne sais pas comment faire. Comment dois-je vaincre ce sentiment ? J’ai besoin d’aide. » Page après page, son journal intime, consigné dans des cahiers recouverts de dessins d’anges et de nounours, indique ses deux plus grandes craintes. La première est que Craig la quitte. Elle est sur la défensive lorsqu’il lui fait des réflexions sur son poids, mais, par-dessus tout, elle déteste le voir flirter avec d’autres femmes. Ensuite Kathleen se sent déracinée, sa famille et ses enfants ne l’ancrent pas dans la réalité, elle a l’impression de manquer de soutien. Le 13 novembre 1996, elle écrit : « Pourquoi la famille est-elle si importante à mes yeux ? À présent, j’ai la mienne, mais ce n’est pas suffisant. Je sais que Craig ne peut pas comprendre. Il a l’amour et la stabilité que lui donnent sa famille et ses parents, même s’il choisit de les ignorer. Moi, je n’ai que lui. Cela semble tant m’affecter. Pourquoi est-ce si important ? Cela ne devrait pas… Il faut que je perde du poids sinon il ne va plus m’aimer. Je sais que l’apparence physique représente tout à ses yeux… 30 ans. Les cinq premières années, je ne m’en souviens plus, pour le reste, je préfère les oublier. Les dix-onze dernières ont été pleines de traumatismes, de tragédies, mais de moments de bonheur aussi, et de toute une palette d’émotions les plus diverses. Si mon bébé n’était pas sur le point de naître, je me demande bien ce que je serais venue faire sur cette terre. En quoi ai-je été utile à quiconque ? »
Depuis sa cellule de la prison pour femmes de Mulawa, Kathleen Folbigg a écrit au quotidien
The Sun-Herald
pour clamer son innocence : « Les observations sur mon attitude détachée, stoïque et froide pendant le procès sont justes. C’est l’unique moyen que j’ai trouvé pour que mon âme survive à de telles attaques. Tous ces gens n’ont pas pris en considération un facteur important : je n’avais pas d’autre solution. Je n’aurais pas été utile à ma propre défense si j’avais pris la parole. À un moment donné, j’ai lâché prise face à mes émotions pendant les audiences. De me retrouver dans un tel état de désespoir ne m’a été d’aucun secours. Le jour viendra peut-être où je pourrai donner libre cours à tous ces sentiments, mais j’ai d’abord un combat à mener afin de laver mon nom et mon honneur, et ce jour n’est pas encore arrivé. »
Lors du procès, Craig Folbigg, le mari de l’accusée, un vendeur de voitures, a été témoin à charge, décrivant les horribles grognements que Kathleen émettait lorsqu’elle se trouvait dans une situation de frustration vis-à-vis de ses enfants. Il dépeint Kathleen qui installe avec violence Laura sur une chaise pour tenter de la faire manger contre son gré, avant de la laisser choir sur le plancher avec ces mots : « Va voir ton putain de père ! » L’enfant est hystérique. Quelques heures plus tard, elle décède. Dans sa lettre, Kathleen estime avoir été trahie par son époux : « J’ai beaucoup souffert des actes de Craig, non seulement physiquement, mais aussi de ses paroles. Il a cette capacité tout à fait étonnante de transformer les situations les plus simples en récits complètement exagérés et extravagants. J’ai été injustement traitée, des citations de mon journal intime ont été publiées hors de leur contexte et mal comprises. Ma personnalité et mon comportement ont été complètement déformés, au point que j’ai eu l’impression de devenir quelqu’un de tout à fait différent de la personne que je suis réellement. Je suis maintenant la femme la plus HAÏE du moment, et les menaces de mort sont une réalité à laquelle je dois faire face. Mon stress dure depuis des années, tout ce qui s’est déroulé n’est que l’aboutissement final d’événements qui se sont accumulés. Beaucoup d’autres choses m’attendent. La solitude et un mal-être terrible. Un immense chagrin qui m’assaille depuis peu, surtout en ce qui
concerne Laura, et je ne vous parle pas du reste. C’est vraiment triste de penser qu’une mère puisse être emprisonnée pour avoir voulu exercer normalement sa fonction, en décrivant ses émotions, ses anxiétés et ses frustrations. »
Condamnation aux travaux forcés à perpétuité pour Pauline Dubuisson qui a abattu son amant de trois balles en 1951.
À
la Libération, Pauline Dubuisson est condamnée à être fusillée par un « tribunal du peuple » pour avoir entretenu des relations intimes avec un colonel allemand à Dunkerque. Son père, qui est aussi colonel, parvient à la sauver et elle déménage à Lille où elle suit des études de médecine. Elle y entretient une liaison passionnée avec un autre étudiant, Felix Bailly. En 1950, Pauline apprend que son amant s’est fiancé à Paris. Elle le rejoint à son hôtel et l’abat de trois balles avec son 6,35 mm. Elle tente de se donner la mort par asphyxie au gaz mais est secourue à temps. Lorsqu’il apprend la nouvelle du meurtre, le père de Pauline Dubuisson se suicide.
Après sa condamnation, elle est libérée pour bonne conduite en 1959. Le film
La Vérité
d’Henri Georges-Clouzot, sorti en 1960, s’inspire de son cas. Elle décide alors de quitter la France pour le Maroc, où elle se suicide aux barbituriques, le 22 septembre 1963.
Une riche Japonaise est mise en examen pour le meurtre de son septième compagnon, empoisonné au cyanure.
U
ne « veuve noire » de 67 ans, soupçonnée d’avoir empoisonné son quatrième mari, le septième de ses conjoints à être passé de vie à trépas, a finalement été mise sous
les verrous. Au fil des années, Chisako Kakehi a hérité au total de plus de cinq millions d’euros. En décembre 2013, Isao Kakehi tombe gravement malade, deux mois après son mariage avec Chisako. Il meurt à l’hôpital, mais l’autopsie révèle des traces de cyanure dans son sang. Chisako Kakehi débute sa carrière criminelle en 1994 avec le meurtre de son premier mari âgé de 54 ans. En 2006, un deuxième époux rencontré par le biais d’une agence matrimoniale succombe à une attaque cérébrale, à l’âge de 69 ans. Le troisième connaît lui aussi une triste fin, décédant en 2008 à 75 ans. Un petit ami est ensuite mort en 2008, tandis qu’en 2012, son fiancé décède alors qu’il est à moto. Des traces de cyanure ont également été retrouvées lors de l’autopsie. D’autres investigations menées début 2015 tendent à démontrer que Kakehi pourrait avoir commis d’autres assassinats par empoisonnement.
Pendaison du hors-la-loi Tom Horn qui tresse lui-même la corde qui servira à le pendre. Il est incarné à l’écran par Steve McQueen.
C
ow-boy, guide, soldat, employé de l’agence de police privée Pinkerton (tout comme l’écrivain de romans noirs Dashiell Hammett), mais surtout tueur à gages au Far West, Tom Horn est suspecté d’avoir commis dix-sept meurtres. En 1902, il est condamné à la peine de mort pour avoir tué Willie Nickell, 14 ans, dans le Wyoming. Pendant qu’il attend son exécution, il écrit son autobiographie,
Life of Tom Horn : Government Scout and Interpreter
, qui est publiée deux ans après son décès.
Découverte d’un site crypté où l’on commandite l’assassinat d’hommes politiques.
A
ssassination Market, un site du « Deep Web » fondé par un certain « Kuwabate Sanjuro » (un pseudonyme), prétend « changer le monde pour le rendre meilleur » en permettant d’assassiner des personnalités politiques, afin de « redonner le pouvoir au peuple ». Le Bitcoin est, bien entendu, la monnaie utilisée pour mettre à prix la tête de ces gouvernants qu’il faut éliminer. Le principe du site est simple. Vous effectuez une donation anonyme en Bitcoins pour faire grimper la cote d’assassinat d’une personnalité. La mort de Barack Obama est ainsi évaluée à 25 000 dollars et celle du patron de la NSA, Keith Alexander, à 8 500 dollars.
Pour toucher la récompense, il faut que vous annonciez la date et le lieu de cet assassinat par l’entremise d’un mail crypté du « Deep Web », qui n’est pas accessible par les moteurs de recherche usuels, du style Yahoo, Bing ou Google.
Assassinat à Dallas (Texas) du président John F. Kennedy.
A
rrêté pour ce crime, qui est suivi par le meurtre de l’agent de police J. D. Tippit, Lee Harvey Oswald est lui-même abattu par Jack Ruby, propriétaire d’un night-club à Dallas, deux jours plus tard. Les études balistiques semblent démontrer la présence d’un second tireur pour l’assassinat du président John F. Kennedy. Les différentes enquêtes ont engendré un nombre considérable de théories conspirationnistes où, tour à tour, la CIA, la Mafia, Fidel Castro, le vice-président Lyndon Johnson sont accusés d’avoir commandité ce meurtre.
Une mère texane de 35 ans coupe les bras de sa fille âgée de 11 mois.
L
a garderie qui s’occupait habituellement de l’enfant prévient la police qu’il semble y avoir un problème chez Dena Schlosser, une Texane de 35 ans connue pour souffrir de dépression postnatale. L’opérateur téléphonique rappelle la mère et demande s’il s’agit d’une urgence. Elle répond par un simple « oui ». « Que s’est-il passé ? », insiste le standardiste. « Je lui ai coupé les bras. »
À leur arrivée, les policiers trouvent le bébé dans une chambre, les deux bras coupés, mortellement blessé. Schlosser, couverte de sang, est assise dans son salon. L’enfant décédera à l’hôpital. Dena Schlosser vivait dans cet appartement avec d’autres membres de sa famille, dont ses deux fillettes, âgées de 6 et 9 ans, qui étaient à l’école au moment des faits.
Naissance du célèbre gangster Lucky Luciano.
N
é Salvatore Lucania, il devient « Capo di tutti Capi » (chef de tous les chefs) après l’assassinat de Salvatore Maranzano en 1926, où il échappe par miracle à la mort. C’est lui qui met sur pied le trafic international d’héroïne entre plusieurs continents. Il décède d’une crise cardiaque à Naples, le 26 janvier 1962. On retrouve son personnage dans les films
Cosa Nostra
(1972) de Terence Young,
Lucky Luciano
(1974) de Francesco Rosi,
Les Indomptés
(1991) de Michael Karbelnikoff,
Les Seigneurs de Harlem
(1997) de Bill Duke et la série télévisée
Boardwalk Empire
(2010).
Naissance du tueur en série Richard Cottingham.
À
l’image de Jack l’Éventreur, il tue cinq prostituées à New York à partir de décembre 1979. Fan de bondage et de tortures, Richard Cottingham mutile sexuellement ses victimes dont il emporte parfois des parties de corps. Il met aussi le feu à plusieurs des chambres d’hôtel où il a fait venir ces jeunes femmes. Cottingham est identifié grâce au témoignage d’une victime survivante. Il est condamné à la prison à perpétuité.
Albert DeSalvo, l’« Étrangleur de Boston », meurt assassiné en prison (voir aussi la date du 4 janvier 1964).