Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (35 page)

— Elle a vécu une belle vie, dit-il. Elle ne sait pas ce que c’est que d’aller au lit sans manger. Je parie qu’elle ne s’est jamais fait baiser par le petit ami de sa mère. Ça ne t’énerve pas,
Hayley ?

Hayley gardait le silence, mais elle grinçait des
dents.

Le bout de son couteau effleura la joue de
Brittany.

— Ta mère avait envie de moi. Bon sang, elle me désirait follement, n’est-ce pas ? Tu as bien vu le regard qu’elle m’a lancé quand elle t’a accompagnée à mon
cabinet ?

Brittany cracha, arrosant son visage et ses yeux d’un filet de
bave.

Il s’écarta pour s’essuyer d’un revers de
manche.

Hayley se mit à rire, non pas parce qu’elle trouvait la scène comique, mais parce qu’elle voulait le détourner de la
fille.

La rage déformait ses
traits.

— La
ferme !

Hayley ne s’arrêtait pas. Elle riait de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’il finisse par abandonner Brittany pour la rejoindre. Il s’empara de sa main gauche et posa le couteau sur son
majeur.

— Je pense que ce doigt sera le prochain à partir, tu ne crois
pas ?

Brittany poussa un
hurlement.

 

 

Mardi 23 février 2010, 4 h
 26

 

Les minutes s’égrenaient tandis qu’il traversait la ville à tombeau ouvert. Jared avait lancé une alerte à toutes les patrouilles pour retrouver le Dr Samuel McMullen. Malheureusement, la seule adresse associée au Dr McMullen était la maison d’Auburn où il avait laissé Cindi mourir. L’homme était un orthodontiste. Lizzy lui avait décrit les bruits stridents qu’elle entendait, et bien qu’un grand nombre de ses victimes aient eu un appareil dentaire, aucune d’entre elles n’en portait lorsque leurs corps avaient été découverts. Le tueur avait-il utilisé sa roulette pour retirer les preuves conduisant au Dr
 McMullen ?

Jared se gara devant chez Lizzy, sortit de sa voiture et gravit les marches. L’appartement était vide et sombre. Chacun de ses muscles était tendu à l’idée que Lizzy puisse être avec Spiderman. Jared traversa le salon et entra dans la cuisine. Il cherchait des indices, un message, n’importe quoi. Il pénétra dans sa chambre et s’empara de l’animal en peluche borgne et élimé qui trônait au milieu du lit. Il ne supportait pas la perspective de perdre Lizzy. Pas une fois de plus. Plus
jamais.

Son téléphone sonna. C’était sa mère. Elle avait dû voir les informations. Ou peut-être réagissait-elle enfin, après la demi-douzaine d’appels qu’il lui avait passés plus tôt. C’était typique de sa mère. Il ne se rappelait pas qu’elle eût jamais été là quand il avait besoin d’elle. Pas une seule fois. Mais cela n’avait plus d’importance. Rien n’avait d’importance, excepté retrouver
Lizzy.

Il était presque cinq heures du matin au moment où il arriva chez Cathy et Richard Warner. La maison grouillait d’activité, à présent que Lizzy avait disparu juste sous leur nez. Richard était assis sur un divan, les mains fermées autour d’une tasse de café. Cathy avait accueilli Jared à la porte et l’avait entraîné dans la chambre de sa fille, où Lizzy avait dormi la nuit dernière. Elle montra à Jared une note que Lizzy avait écrite et à moitié dissimulée sous l’oreiller de son
lit.

Il a dit qu’il relâcherait Brittany si je le rejoignais. Je refuse de lui laisser
Brittany.

Jared comprit que Spiderman avait appelé Lizzy et qu’ils avaient passé un accord. Lizzy contre Brittany. Bien sûr, Lizzy n’avait pas pu refuser l’échange. Ce n’était pas ainsi qu’elle fonctionnait, elle n’avait pas eu le choix. Mais ni Lizzy ni Brittany n’étaient rentrées, ce qui signifiait que Lizzy avait été trahie. Avait-elle vraiment cru que Spiderman tiendrait sa
parole ?

Incapable de rester impassible devant le regard implorant de Cathy, Jared lui promit de faire tout son possible pour les retrouver. Puis il quitta la
maison.

Il était sur l’autoroute, lancé à pleine vitesse, lorsqu’il prit conscience qu’il ne savait pas où il allait. Il songea à utiliser son gyrophare une fois que son compteur indiquerait cent trente kilomètres heure, mais il se ravisa. Il préférait ne pas attirer l’attention. Moins de six minutes plus tard, il sortit de l’autoroute et se dirigea vers la Sacramento River. Il devait suivre ses instincts. C’était tout ce qu’il lui restait. La sœur de Spiderman ignorait où pouvait se cacher son frère. Qu’avaient-elles donc fait subir à ce petit garçon, ses amies et elle, à l’époque ?

Il arrêta son véhicule devant la maison des Walker, où les fouilles avaient eu lieu la semaine passée. Il était encore tôt et il faisait froid. Même les grillons n’avaient pas chanté cette
nuit.

Abandonnant sa voiture, il se posta devant la maison des Walker pour jeter un œil aux environs. Il se tenait sur le même trottoir où Lizzy et lui avaient attendu l’arrivée des renforts. À plusieurs reprises, Lizzy lui avait affirmé être certaine que Spiderman l’observait, ce jour-là. Jared regarda de l’autre côté de la rue, en direction de la fenêtre où ils avaient aperçu une vieille femme qui les épiait de sa
cuisine.

Le quartier n’avait rien d’original : des rangées de maisons individuelles dont la plupart avaient été construites dans les années soixante-dix ou quatre-vingt. Un grand nombre d’entre elles accueillaient des familles et des enfants en bas âge. Les façades révélaient divers degrés d’entretien.

Il laissait son regard errer de maison en maison. Lizzy lui avait raconté qu’après s’être échappée, elle s’était tournée sur la droite pour essayer de distinguer la maison qu’elle venait de fuir. Elle avait alors été aveuglée par le soleil
levant.

Jared s’avança au milieu de la rue et s’orienta de sorte que l’est se trouve sur sa droite. Si elle avait regardé de ce côté pour visualiser les lieux aussitôt après s’être échappée, et si le soleil l’avait éblouie, alors cela voulait dire que la maison des Walker était du mauvais côté de la
route.

Il faisait noir. Sans quitter la chaussée, Jared se mit à marcher. Un chien aboyait dans le lointain. Le clair de lune projetait des ombres sur son chemin. Il y avait plus d’une douzaine de maisons de l’autre côté de la rue, dont six ou sept offraient une vue dégagée sur celle des Walker. Si Lizzy avait eu raison de se sentir observée ce jour-là, alors il touchait au but. Pourtant, ce soir, toucher au but ne suffirait pas. Spiderman avait peut-être appris par les informations qu’on avait découvert sa femme morte. Un avis de recherche avait été lancé au nom de Samuel Jones et du Dr Sam McMullen. Le temps pressait, pour lui comme pour tous. Son téléphone se mit à vibrer et il l’ouvrit sans regarder le numéro qui s’affichait.

— Jared, il faut que je te
parle.

Il continuait de
marcher.

— Maman, pas
maintenant.

— Jared, ne raccroche
pas.

Il prépara son
arme.

Il n’entendait rien derrière ses sanglots. Il grinça des dents, prêt à jeter son téléphone dans les
buissons.

— Qu’est-ce que tu veux me dire ? Le monde ne tourne pas autour de toi et de tes
problèmes.

La culpabilité ne manquerait certainement pas de le rattraper à coups de pied aux fesses, se dit Jared, mais pour l’heure, il s’en fichait éperdument. La comédie de ses parents avait assez duré. Mûrissez. Apprenez à vivre. Il était sur le point de raccrocher lorsque sa mère lui
dit :

— Je pense savoir où tu peux trouver le Dr
 McMullen.

— Pourquoi ?
Comment ?

Elle perdait l’esprit.

— Il s’agit de l’homme dont parlait ton père, l’homme que je fréquentais. Depuis peu, il a cessé de répondre à mes appels. Alors j’ai attendu qu’il quitte son cabinet l’autre jour et je l’ai
suivi.

CHAPITRE 37

Mardi 23 février 2010, 4 h
 32

 

Lizzy ouvrit les
yeux.

L’obscurité. Les ténèbres absolues. Elle ne voyait rien. Il avait bien révisé. S’il y avait des fenêtres, elles avaient été obstruées. Elle sentit sa gorge se nouer et sa respiration se fit plus pénible.
Ne panique pas, Lizzy
. Si elle voulait aider Brittany et Hayley, alors elle devait garder son
calme.

La
mort.

La pièce sentait la mort. Elle avait les bras attachés dans le dos, comme au bon vieux temps. Quel fils de pute ! Elle se débattit pour se défaire de ses liens, furieuse. Soudain, une idée l’effleura. Il croyait si bien la connaître, et pourtant il ignorait toujours qu’elle était capable de se disloquer l’épaule, comme d’autres pouvaient faire craquer leurs doigts. S’il l’avait su, il ne l’aurait pas attachée de cette façon. Si elle parvenait à se déboîter l’épaule, elle pourrait le
surprendre.

Elle tendit l’oreille. Sa tête lui faisait mal. Une douleur intense lui martelait le crâne. Le produit que Spiderman lui avait injecté dans les veines l’avait assommée en quelques secondes. Ses yeux avaient beau s’accoutumer à l’obscurité, sa vision était toujours voilée. Elle balaya la pièce du regard. Des murs blancs, un tapis beige, des piles de boîtes en
carton.

Rien n’avait donc
changé ?

Des araignées et des mille-pattes se grimpaient dessus en essayant de s’échapper de leur cage de verre. Elle cligna des yeux et les insectes
disparurent.

Des couteaux et des aiguilles, des bruits stridents et des tortures interminables menaçaient de troubler sa concentration. Que lui avait-il
administré ?

Elle déglutit et ferma les yeux pour se concentrer. Elle devait se libérer de ses liens. Se démettre l’épaule requérait toute son attention. Savait-elle toujours le faire ? La porte s’ouvrit avant qu’elle ait pu répondre à la
question.

Il était debout… il la
regardait.

Elle avait envie de déverser sur lui un torrent d’insultes, de lui hurler qu’il irait en enfer, qu’il était maléfique, qu’il ne s’en sortirait pas aussi facilement. Au lieu de cela, elle ne dit rien. Il entra dans la pièce. Sans un mot, il l’empoigna pour la hisser sur ses pieds. Ses chevilles étaient attachées et elle clopina derrière lui alors qu’il l’entraînait dans la maison. Il s’arrêta devant la pièce au bout du couloir, la chambre où elle avait trouvé Mary, il y avait si longtemps de
cela.

Il ouvrit la
porte.

Lizzy se mordit la langue pour ne pas crier. Brittany était attachée à des menottes reliées au mur par des chaînes, tandis que Hayley était prisonnière de crochets rivés au sol. Pauvre Hayley − ensanglantée et nue, le petit doigt d’une main
sectionné.

— Hayley, chuchota-t-elle.

Elle se demandait si la jeune fille était toujours
vivante.

Il la força à s’asseoir sur une chaise en bois spécialement installée pour elle. Un vrai gentleman. Elle connaissait la routine. Le visage de Brittany était couvert de bleus. Sa lèvre ainsi que le côté droit de sa figure étaient fendus et
saignaient.

Cet homme allait
mourir.

— Relâche-les, dit Lizzy d’une voix sourde, et je ferai tout ce que tu
voudras.

Spiderman était debout entre Hayley et Brittany. Il secouait la tête en souriant. Pas de masque. Pas de voix
robotique.

— Lizzy, Lizzy. Combien de fois ai-je déjà entendu
ça ?

— Relâche-les.

— Tu as vraiment cru un seul instant que j’allais te laisser partir ? Tout le monde doit payer pour tes mensonges, Lizzy. Tu es une
menteuse.

Il sortit un couteau à cran d’arrêt de sa poche et agita la lame devant le visage de
Brittany.

Lizzy hurla à pleins poumons. Elle se balança sur sa chaise, faisant autant de bruit que possible pour le pousser à se tourner vers elle. Du revers de la main, il la frappa sur le côté du
visage.

Brittany sanglotait, mêlant ses larmes au sang qui suintait de sa plaie à la
joue.

— Pourquoi fais-tu ça ? demanda Lizzy. Pourquoi ne pouvais-tu pas simplement nous laisser
tranquilles ?

Il éclata d’un rire
tonitruant.

— Tu ne le sais
pas ?

Le bras de Hayley bougea. Elle était
vivante.

Lizzy devait le garder occupé, l’encourager à parler. Elle devait le détourner de Brittany et de
Hayley.

Il promenait son couteau sur le front de Lizzy, s’arrêtant çà et là pour lui percer la peau de la pointe de sa
lame.

— Tu m’avais promis que tu resterais avec moi pour toujours, dit-il. Je te croyais, Lizzy. Je t’aimais comme j’aurais aimé ma propre
fille.

— Laisse-les partir et je partirai avec toi, maintenant. Nous pouvons tout recommencer. Je n’aurais jamais dû te quitter. Tu m’as
manqué…

Son rire résonna sur les murs, l’interrompant avant qu’elle puisse terminer sa phrase. Son regard était sombre et vide lorsqu’il tapota la lame de son couteau contre le bout de son nez, comme s’il réfléchissait à ce qu’il allait découper en premier. Du sang ruisselait le long de son front et lui coulait dans le coin de l’œil
droit.

— J’ai une surprise pour toi, dit-il d’un ton excité avant de disparaître hors de la
pièce.

— Brittany, s’empressa de souffler Lizzy. Tu dois être
courageuse.

Il y avait tellement de choses qu’elle voulait lui dire, mais elle n’en avait pas le
temps.


 Hayley.

Hayley ouvrit les
yeux.

— Je suis tout
ouïe.

Lizzy fut profondément soulagée en entendent Hayley
parler.

— J’ai besoin que vous fassiez du bruit pendant que je déboîterai mon bras pour pouvoir me libérer de ces cordes. Il ne comprendra pas ce que je serai en train de faire quand il reviendra. Il croira que nous essayons d’attirer l’attention des voisins.
Maintenant !

Elles n’avaient pas besoin qu’on le leur dise deux fois. Brittany s’égosilla, tandis que Hayley poussait toutes sortes de jurons. À deux, elles couvraient les bruits que faisait Lizzy en cognant contre le sol pour faire sauter son épaule hors de sa cavité. Elle poussa un hurlement de douleur. Elle ne s’était pas disloqué le bras depuis des années. La douleur n’était pas comme dans ses souvenirs. Elle était bien
pire.

Spiderman fit irruption dans la pièce juste au moment où Lizzy parvenait à remonter sur sa chaise en se trémoussant. Visiblement, le vacarme qu’elles faisaient l’agaçait et il se hâta de refermer la porte derrière
lui.

— Silence, dit-il, ou je vous arrache la langue. Tu sais que je le ferai,
Lizzy.

Dans sa main gantée, il apportait l’une de ses chères
araignées.

— Maintenant que nous avons un public, j’aimerais montrer à Brittany l’un de mes spécimens les plus
précieux.

— Laisse-la
tranquille.

— Ce n’est pas une simple araignée, Lizzy. C’est une araignée australienne rare à toile entonnoir, l’araignée la plus venimeuse au
monde.

Il agita l’araignée devant le visage de Hayley tout en se dirigeant vers
Brittany.

Pendant des années, Lizzy avait cru que le pire était derrière elle. Mais elle s’était trompée. Jamais ne s’était-elle sentie aussi désespérée. Elle aurait dû prévenir Jared en allant rejoindre Spiderman. Il aurait pris la bonne décision. Il n’aurait pas appelé les renforts et mis en danger la vie de Brittany. C’était un homme bon. Mais elle n’avait pas eu suffisamment de temps pour tout
calculer.

Spiderman brandissait l’araignée à quelques centimètres du visage de Brittany. C’était une créature noire, brillante et dénuée de poils. Lizzy se mordit la lèvre et secoua la tête pour indiquer à Brittany qu’elle devait rester impassible et ne rien dire. Pourtant, la lueur de folie qu’elle avait aperçue dans les yeux de Spiderman exprimait toute sa détermination. Rien ne pourrait l’arrêter.

— Tu ne méritais pas ce que t’ont fait ta sœur et ses amies, s’exclama Lizzy, au désespoir. Trish, Julia, et comment s’appelait-elle déjà ? Ah oui, Lisa. Elles méritent de pourrir en enfer pour ce qu’elles t’ont fait subir. Je sais ce qu’elles ont fait, Sam. Je connais la vérité à propos de tes parents et de ton père qui ne prêtait pas attention à toi. Tu ne méritais pas d’être traité de la
sorte.

Sa stratégie fonctionnait. Il se tourna vers
Lizzy.

— Éloigne l’araignée, dit Lizzy. Laisse-les partir. Tout le monde sait pourquoi tu as fait toutes ces choses. Ils comprennent. Ils te pardonneront comme je t’ai
pardonné.

Il retroussa les lèvres et se mit à
ricaner.

— Maintenant, Brittany ! s’écria Hayley. Fais-le,
maintenant !

Le bras de Brittany s’arracha du mur. L’épaisse chaîne se détacha de l’anneau métallique et vint fouetter Spiderman au visage. L’araignée lui échappa. Il couvrit son visage de ses mains et se mit à hurler de
douleur.

Lizzy se démena pour se dégager de ses liens. Il lui fallait plus de temps. Lizzy vit Brittany déployer tous ses efforts pour libérer son autre bras de la menotte, mais elle comprit que c’était peine
perdue.

Spiderman tomba à genoux. Il ôta les mains de son visage ensanglanté et tendit un doigt accusateur vers
Lizzy.

— Elle a failli m’avoir, n’est-ce pas ? Devine qui va mourir en
premier ?

À l’aide de son bras libre, Lizzy défit un nœud, puis un deuxième. Les nœuds ne semblaient jamais se terminer. Spiderman émergeait de son hébétude et elle remarqua que son visage n’était pas la seule partie de son corps qui était abîmée. Déjà, dans la voiture, il lui avait paru pâle. Visiblement, il avait perdu beaucoup de sang. Hayley avait dû se battre bec et
ongles.

Il se leva, puis tituba jusqu’à la table de chevet et se mit à fouiller dans le tiroir. Il se souvint alors que le couteau qu’il cherchait était posé sur le lit, à l’opposé.

Lizzy venait à bout d’un autre
nœud.

Rien ne semblait pouvoir arrêter cet
homme.

Tout comme
Lizzy.

Une dernière secousse et elle se
libéra.

Mobilisant tout son courage et se faisant aussi pesante que possible, elle se rua sur lui. Ils s’écrasèrent sur le sol. Lizzy le dominait. Ensemble, ils roulèrent contre Hayley, qui demeurait immobile. Spiderman se souleva brusquement de terre et, tel l’incroyable Hulk, il attrapa Lizzy et la repoussa sur le
côté.

Brittany battait des jambes en hurlant, tandis que Spiderman s’approchait d’elle. Apparemment, elle avait définitivement perdu tout son sang-froid. C’était plus qu’elle ne pouvait le
supporter.

Lizzy n’avait pas le temps de remettre son épaule en place. Son bras pendait mollement contre son flanc. La douleur était insoutenable. Si elle avait disposé d’un délai suffisant, elle aurait plié son coude à quatre-vingt-dix degrés et se serait servie de l’autre bras pour ramener délicatement son épaule à sa place. Mais on n’était pas à Disneyland. Elle se contenta de serrer le poing autour de son membre inerte et cogna son épaule disloquée sur le sol. Une douleur déchirante irradia dans toutes ses terminaisons
nerveuses.

Lizzy se tourna vers Brittany juste au moment où Spiderman se ruait tête baissée, le couteau tendu. Lizzy poussa un hurlement. Elle ne pouvait pas l’arrêter.

Soudain, une détonation se fit entendre dans la
pièce.

Jared se tenait dans l’encadrement de la porte. Son arme était brandie et il s’apprêtait à tirer de
nouveau.

Spiderman bascula en avant. Pliant les deux genoux, Brittany le repoussa pour l’envoyer à la renverse sur le
sol.

— Brittany ! s’écria
Lizzy.

Après avoir vérifié que Spiderman n’avait pas d’arme sur lui, Jared le traîna à travers la salle et l’attacha à la colonne de lit en lui menottant les poignets dans le dos. Il avait perdu
connaissance.

Lizzy détacha les liens de ses chevilles tandis que Jared accourait vers Brittany. Libérée de ses cordes, Lizzy attrapa le couvre-lit et le déposa sur le corps de Hayley. Elle s’agenouilla à côté d’elle, rassurée de constater qu’elle respirait
toujours.

— Hayley, dit-elle. J’espère que tu n’envisages pas une seule seconde de nous
quitter.

— Je ne vais nulle part, répondit Hayley d’une voix
faible.

Soulagée, Lizzy entreprit de détacher
Hayley.

— Dites à votre petit ami que les clés des menottes sont dans le tiroir de la
commode.

Après avoir libéré Brittany, Jared aida Lizzy à couper les liens de
Hayley.

Lizzy et Brittany tombèrent dans les bras l’une de l’autre tandis que Jared soulevait Hayley, enroulée dans la
couverture.

Lizzy écarta les cheveux du visage de Brittany pour mieux la regarder. En dépit de la vilaine coupure sur sa joue, sa nièce allait s’en
sortir.

Brittany arrêta Jared avant qu’il n’atteigne la porte. Elle regarda Hayley et déclara, en essayant de ne pas éclater en
sanglots :

— Tu m’as sauvé la vie.
Merci.

— Tu t’es sauvée toute seule, affirma
Hayley.

Le bruit des sirènes se rapprochait. Jared fit un signe du menton pour indiquer à Lizzy de récupérer le pistolet dans son
étui.

— Garde un œil sur lui pendant que je m’occupe de Hayley. Elle a perdu beaucoup de
sang.

— Pars avec Jared, dit Lizzy à
Brittany.

Elle ne voulait pas que Brittany reste dans la même pièce que cet homme. Après tout, il était toujours
vivant.

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