Read Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) Online
Authors: T. R Ragan
Tags: #Thriller
Chaque fois que Cathy perdait pied, elle pensait à Lizzy. Chaque fois qu’elle avait besoin d’une épaule prévenante, c’était Lizzy qui lui remontait le moral. Pas son père. Pas son mari. Toujours Lizzy. Pourtant, Cathy n’avait jamais dit à Lizzy à quel point elle comptait pour elle, elle ne lui avait jamais avoué que si elle se faisait tant de souci, c’était parce qu’elle ne pouvait pas imaginer de vivre sans sa
sœur.
Elle se dirigea vers le bureau d’accueil et demanda la permission d’utiliser le téléphone de l’hôtel pour passer un appel local. La réceptionniste accepta, en lui précisant qu’elle devait composer le chiffre 9 pour
sortir.
Cathy peinait à avaler sa salive. Elle composa le numéro de Lizzy en espérant qu’elle
décrocherait.
Lundi 22 février 2010, 14 h
49
Jared montait les marches à la suite de Lizzy jusqu’à son appartement. Il entra en premier et inspecta minutieusement les lieux avant de lui annoncer que la voie était libre. Après avoir laissé Jimmy et ses hommes s’occuper du doigt ensanglanté, Lizzy et Jared avaient emmené Linda aux urgences, où le médecin lui avait diagnostiqué une sérieuse crise de
panique.
À peine Jared s’était-il assuré que Lizzy était confortablement installée sur le canapé que son téléphone sonna. Quelques minutes plus tard, il raccrochait et expliquait à Lizzy qu’il allait devoir la laisser seule pendant une heure ou
deux.
— Tu veux que je te prépare du thé avant de
partir ?
— Ça ira. C’était à quel
sujet ?
— Nous avons dégagé quelques pistes. Un certain couple, Dan et Renee Winters de Citrus Heights, a appelé aujourd’hui. Ils ont reconnu l’homme sur le portrait. Ils pensent qu’il s’agit du garçon qui harcelait leur fille au lycée. Elle se nommait Shannon Winters. Shannon est morte après s’être étouffée avec un bonbon en rentrant de l’école. Apparemment, les initiales du garçon correspondent à celles de la montre. Les Winters ont toujours pensé que c’était lui le responsable de la mort de leur
fille.
— Comment pourrait-on être responsable quand la personne s’est étouffée avec un
bonbon ?
— Ils pensent qu’il l’a regardée mourir sans rien faire pour l’aider.
— Comment s’appelle-t-il ?
— Samuel Jones. À l’époque, la plupart des gens l’appelaient
Sam.
— SJ aime
SW.
Jared hocha la tête. Il resta debout à la regarder pendant un long
moment.
— Tu as fait du bon travail, Lizzy. Grâce à toi, nous allons attraper ce
bâtard.
Elle ne répondit pas. Jared se pencha en avant et déposa un baiser sur son
front.
— Je reviens tout de
suite.
CHAPITRE 34
Lundi 22 février 2010, 14 h
53
Après le départ de Jared, Lizzy verrouilla la porte derrière lui. Elle allait entreprendre ses propres recherches sur le nom de Samuel Jones lorsque son téléphone portable se mit à
sonner.
—
Allô ?
— C’est moi,
Cathy.
Lizzy savait que sa sœur ne l’appellerait pas à moins que ce ne soit
urgent.
— Quelque chose ne va
pas ?
— Tout va bien. Je dois te demander un service, Lizzy. J’ai besoin que tu ailles chercher Brittany à l’école et que tu l’emmènes à son rendez-vous chez l’orthodontiste. Tu es
occupée ?
— Je peux passer la
prendre.
— Désolée de te prévenir aussi tard, mais tu dois être au lycée à trois heures et
demie.
Lizzy préféra ne pas mentionner l’affaire du petit doigt sanguinolent. Cela ne ferait que bouleverser sa sœur. À vrai dire, Lizzy était ravie que Cathy lui fasse encore suffisamment confiance pour lui demander de passer chercher Brittany. Lizzy avait envie de voir Brittany et de s’assurer qu’elle allait bien. Elle jeta un œil à la pendule. Il était presque trois heures. Il ne lui faudrait pas longtemps pour se rendre à l’école.
— Le cabinet de l’orthodontiste se trouve près d’Eureka Road, à Roseville. Je n’ai pas l’adresse exacte sur
moi.
La frustration dans la voix de Cathy était palpable. Sa sœur était à bout. Elle était sûrement en train d’affronter
Richard.
— C’est bon, lui dit Lizzy. J’emmènerai Brittany à son rendez-vous. Je sais où se trouve le cabinet de McMullen. Ne t’inquiète de
rien.
Lundi 22 février 2010, 15 h
07
Cathy vit Richard sortir de l’ascenseur au bras d’une femme splendide. Sa maîtresse avait une chevelure abondante et épaisse, couleur chocolat. Ses yeux en amande étaient marron, ses pommettes hautes et sa bouche pulpeuse. Elle ne semblait pas avoir plus de vingt-cinq
ans.
Cathy s’avança vers le charmant petit couple et posa le doigt sur le torse de
Richard.
— À cause de toi, j’en suis venue à détester ma propre sœur. Tu as accusé Lizzy de tous nos problèmes, alors que pendant ce temps tu baisais une autre
nana.
Posément, Richard aida la femme à enfiler son manteau et lui dit qu’il la rappellerait plus tard. Cet enfoiré n’essayait même pas de cacher sa liaison, ni de prétendre qu’elle n’existait
pas.
La femme ne semblait pas affectée le moins du monde et ne daigna même pas poser les yeux sur elle. Quelle
pétasse.
— Vous êtes une briseuse de ménage, hurla Cathy pour s’assurer que la femme ne sortirait pas de l’hôtel comme si de rien n’était. Vous êtes une pute et je vais faire en sorte que tout votre entourage soit au
courant.
La femme traversa le hall, ses talons claquant sur les carreaux de marbre, puis elle disparut par la porte à
tambour.
— Tu n’en parleras à personne, avertit Richard. Si tu répands des calomnies sur Valerie, tu peux être sûre qu’il ne te restera pas un penny une fois que je t’aurai
quittée.
Cathy lâcha un
grognement.
— Je ne peux pas croire que je t’aie laissé me gâcher la
vie.
— Tu t’es gâché la vie toute seule. Tu n’as jamais assumé la moindre responsabilité. Aujourd’hui encore. Regarde-toi. Tu as pris plus de vingt kilos depuis que je te connais. Es-tu allée une seule fois en salle de gym ou faire un peu de marche ? Non. Tu as accusé ta propre fille de t’avoir fait prendre du poids. Tes kilos en trop ne m’ont jamais gêné. Je te trouvais belle ; il y en avait plus à aimer, c’est ce que je te disais. Mais quand ta femme te répète inlassablement qu’elle est grosse, devine quoi ? Tu finis par le croire, et tu commences même à t’en apercevoir à ton
tour.
— C’est tout à fait sensé de la part de quelqu’un qui ne remarque rien. As-tu la moindre idée de ce qui se passe à la maison en ce
moment ?
— Pourquoi tu ne m’en parles
pas ?
— Je parie que tu ignorais qu’un tueur en série t’avait pris en filature avant d’embaucher ma sœur pour te surveiller, ta copine et
toi.
Richard garda le
silence.
— Apparemment, le meurtrier voulait que Lizzy constate ce que tu faisais, de sorte que quand elle m’avouerait ta liaison, je l’accuse elle au lieu de t’accuser toi. Son plan a marché à la
perfection.
— Mais de quoi est-ce que tu
parles ?
— Si tu ne passais pas tout ton temps à te taper Valerie Hunt, tu aurais peut-être appris que Frank Lyle n’est pas l’homme qui a enlevé Lizzy, il y a quatorze ans. C’est un pâle imitateur, un admirateur. Le véritable meurtrier a pris un grand plaisir à t’observer. Et à cause de
toi
, le FBI craint qu’il n’ait maintenant des vues sur notre
fille.
Richard se rapprocha. Seuls quelques centimètres les séparaient encore. Son visage était déformé par la rage et il lui empoigna les épaules pour la
secouer.
— J’espère que ce ne sont que des sornettes sorties tout droit de ton esprit vaseux, parce que si c’est vrai, Cathy, et que tu ne m’as rien dit, tu seras définitivement morte à mes
yeux.
Elle frissonna. Elle était en colère, mais elle ne pensait pas être prête à tirer un trait sur son mariage. En attendant dans le hall, elle s’était imaginé Richard tomber à genoux devant elle pour lui demander pardon. Mais cette réaction… cette réaction ne faisait pas partie de son
plan.
— Dis-moi que tu as tout inventé, Cathy. Dis-moi que notre fille ne court aucun
danger !
Elle avait envie de mentir, mais elle en était incapable. Elle n’avait sans doute pas été une épouse parfaite, mais elle ne lui avait jamais
menti.
— Où est-elle ? demanda-t-il, le visage blême. Où est
Brittany ?
— Lizzy passe la chercher à l’école.
Il arracha son téléphone portable de sa ceinture, où il était
accroché.
— J’ai deux appels en absence de
Brittany.
— Pourquoi est-ce toi qu’elle
appelle ?
— Elle ne m’appelle, lui répondit-il, que lorsqu’elle ne parvient pas à te
joindre.
Une peur dévastatrice envahit Cathy, tandis qu’elle fouillait le contenu de son sac avant de se rappeler que son téléphone se trouvait dans sa voiture. Elle regarda
Richard.
— Pourquoi tu n’as pas
décroché ?
Il ne bougea pas d’un cil, aucun de ses muscles ne
tressaillit.
Ils savaient tous les deux ce qu’il était en train de faire au moment où sa fille avait appelé. En cet instant, le visage de Richard changea à ses yeux. Rien chez lui ne lui rappelait le beau jeune homme qu’elle avait épousé quinze ans plus tôt. Elle ne voulait pas qu’il implore son pardon. Elle ne voulait plus du tout de
lui.
Lundi 22 février 2010, 15 h
25
Lizzy attendait dans la longue file de voitures qui avançait avec une lenteur d’escargot dans le parking de l’école. En voyant les jeunes se disperser en courant, elle se remémora l’époque où Jared et elle se retrouvaient dans la cour pour déjeuner. Ils avaient alors beaucoup d’amis et s’amusaient
constamment.
Jared et elle avaient été très liés dès le début. Son père, bien sûr, n’avait pas vu d’un bon œil que sa fille fréquente un garçon plus âgé et il s’était réjoui lorsque Jared était parti à l’université, rappelant alors à Lizzy qu’un de perdu, dix de retrouvés. Mais dès l’instant de leur rencontre, Lizzy n’avait plus jamais voulu d’un autre. Jared était spécial. Il était attentionné et compatissant. Il méritait mieux qu’elle ne pourrait jamais lui offrir. Il méritait d’être
heureux.
Elle tapotait des doigts contre le volant tout en scrutant le parking. Elle se gara sur un emplacement et appela Brittany sur son téléphone. Au bout de trois sonneries, le répondeur de Brittany se
déclencha.
— Ici Brittany Warner. Merci de laisser un message et je vous
rappellerai.
— C’est ta tante Lizzy. Je ne sais pas si ta mère te l’a dit, mais c’est moi qui passe te prendre aujourd’hui. Je suis devant le lycée en ce
moment.
Lizzy regarda sa montre. Trois heures trente et une. Les élèves sortaient des cours six minutes plus tôt. Elle n’avait pas pu la
rater.
— Je vais t’attendre près de la statue de l’ours, devant l’école.
Cinq minutes plus tard, elle composa à nouveau le numéro de
Brittany.
— Où es-tu, ma puce ? Et pourquoi tu ne réponds pas au
téléphone ?
Elle consulta sa
montre.
— Je dois t’accompagner à ton rendez-vous chez le dentiste dans dix minutes. Rappelle-moi.
Elle coupa la communication en essayant de ne pas céder à la panique.
Elle va bien. Elle est avec ses amis. Les adolescents sont toujours en retard, c’est bien
connu.
Elle tenta de détendre ses épaules tout en regardant le parking. Elle n’était pas encore prête à réfléchir au contenu de la boîte livrée au cabinet du Dr Gates.
Hayley
, chuchota-t-elle avant de prendre une profonde inspiration. Elle ne pouvait pas se pencher là-dessus pour le moment. Elle n’était pas capable de le gérer. Linda Gates allait bien. Elle devait se concentrer sur ce point. Linda faisait partie de sa vie depuis quatorze ans. Linda était la personne qui l’avait aidée à entrevoir la lumière au bout du tunnel. Elle allait bien.
Mais
Hayley ?
En entendant un éclat de rire, Lizzy ne put plus en supporter davantage. Elle sortit de la voiture et se dirigea d’un pas vif vers le
gymnase.
— Je peux vous aider ? lui demanda une
femme.
— Je cherche ma nièce, Brittany
Warner.
— Elle n’est pas dans l’équipe, mais vous pouvez vérifier au bureau de la vie scolaire, elle vous attend peut-être là-bas.
— Bonne
idée.
Lizzy la remercia avant de partir. Comme le bureau de la vie scolaire était vide, elle se mit à courir de bâtiment en bâtiment, de salle en salle. Brittany n’était nulle part. La panique s’installait, ses muscles se tétanisaient. Sans cesser d’arpenter les couloirs, elle commença à interroger tous ceux qu’elle croisait. En retournant à sa voiture, elle appela Cathy sur son téléphone et lui laissa un message. Ensuite, elle laissa un troisième message sur le portable de Brittany avant de joindre Jared. Il décrocha à la première
sonnerie.
— Dieu soit loué, dit-elle.
— Que se passe-t-il ?
— Cathy m’a appelée après ton départ de l’appartement. Elle avait besoin que je récupère Brittany à l’école. J’y suis depuis vingt minutes et elle n’est pas là. Je ne la trouve nulle part. Qu’est-ce que je vais
faire ?
— Reste calme, Lizzy. Prends une profonde inspiration. Étais-tu censée la ramener chez elle après l’école ?
— Non. Cathy m’a demandé d’emmener Brittany à son rendez-vous chez l’orthodontiste. Il est prévu pour trois heures quarante-cinq. C’était il y a cinq
minutes.
— Penses-tu que quelqu’un d’autre a pu conduire Brittany chez l’orthodontiste ?
— Je ne sais pas ; honnêtement, je n’en sais
rien.
— Lizzy, dit-il d’un ton assuré. Quoi que tu fasses, ne panique pas. Ça ne ferait qu’aggraver les
choses.
Ses mains étaient tremblantes. Elle avait du mal à
respirer.
— Veux-tu que j’appelle le cabinet du
dentiste ?
Lizzy inspira, puis
expira.
— Le cabinet est à cinq minutes. Je vais y aller, dit-elle en se ruant vers le parking. Rends-moi un service et garde ton téléphone à portée de
main.
— D’accord. Appelle-moi quand tu l’auras
retrouvée.
Lizzy traversa le parking au pas de course.
Respire, Lizzy, respire.
Elle sauta dans sa voiture, démarra le moteur et s’en alla. Par qui Brittany se serait-elle laissé conduire chez le docteur ? Il était inconcevable que Brittany ait accepté de monter dans la voiture d’un inconnu. Elle avait suffisamment insisté sur ce point auprès de sa nièce. Brittany savait quoi faire si un inconnu l’abordait. Peut-être un ami lui avait-il proposé de la raccompagner. Peut-être avait-elle oublié son rendez-vous.
Lizzy passa en trombe au feu de signalisation orange avant de se forcer à ralentir et rester à soixante-cinq kilomètres heure. Ses mains tremblaient lorsqu’elle emprunta un virage à droite, puis un autre. Quelques instants plus tard, elle se gara sur l’emplacement réservé aux handicapés devant le cabinet de l’orthodontiste et bondit hors de sa voiture. Elle poussa les
portes.
La femme derrière le bureau d’accueil lui
sourit.
— Puis-je vous
aider ?
— Je suis la tante de Brittany Warner. Est-ce qu’elle est ici, par
hasard ?
— Nous ne l’avons pas vue. Diane vient justement de me dire que c’était au tour de
Brittany.
— Est-ce que le docteur est
ici ?
— Le Dr McMullen travaille trois jours par semaine dans ce cabinet et deux jours par semaine à son cabinet d’Auburn. C’est Diane Givens qui prend ses patients en charge quand il n’est pas ici. Elle est
derrière.
Lizzy entra dans la salle principale, où le Dr Givens était en pleine consultation. Elle voulait voir par elle-même si Brittany était ou non présente. La réceptionniste suivit Lizzy, l’air inquiet, puis la raccompagna vers la porte et sortit derrière elle. La femme désigna l’autre côté du
parking.
— Vous voyez ce café, là-bas ?
Lizzy hocha la
tête.