Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (26 page)

Il se gara au bord de la route et fit demi-tour.

— Nous allons le suivre chez lui. Voir ce qu’il
manigance.

— Merci. Je me sentirais mieux si nous pouvions garder un œil sur lui, même si, à mon avis, Cathy ne serait pas ravie d’apprendre que nous sommes restés après la rencontre de natation pour lui
parler.

— Ta sœur devrait être contente que tu t’inquiètes pour Brittany et que tu la
surveilles.

— Oui, eh bien, sans doute dans un monde
idéal.

— Ta sœur n’a jamais été quelqu’un d’heureux.

— Tu es sérieux ? Je l’apprends.

Jared ne détachait pas ses yeux de la
route.

— Cathy est jalouse de toi depuis le
lycée.

— Cathy ?
Jalouse ?

Elle était
vexée.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Ma sœur est incapable de
jalousie.

— Sommes-nous en train de parler de la même Cathy Gardner qui était dans ma classe en
terminale ?

— Cite-moi une fois où elle a été jalouse de
moi.

— Ta première voiture, pour
commencer.

Lizzy
pouffa.

— Cathy était jalouse de mon Fidèle
Vagabond ?

— Non, ta première voiture. Cathy conduisait une Honda, un cadeau de tes parents, mais elle t’empruntait ta petite voiture de sport
rouge…

— La Petite Rouge était vieille comme Hérode, lui rappela-t-elle. Cette voiture avait plus de cent soixante mille kilomètres au
compteur.

— Peu importe, dit Jared. Je me souviens toujours de la mine que faisait Cathy quand tout le monde admirait à quel point Lizzy était mignonne dans sa décapotable rouge
brillante.

Lizzy avait le cerveau en bouillie. Elle ne comprenait pas où Jared voulait en venir avec cette folle histoire de
voiture.

— Que s’est-il
passé ?

— Quand Cathy a ramené la Petite Rouge, la voiture était bonne pour la casse − on ne pouvait plus la
conduire.

— Ce n’était pas de sa faute, fit Lizzy pour prendre sa défense. Son ami l’a emboutie en marche arrière avec son
camion.

— Annie Smith a dit qu’elle avait tout vu. Cathy a regardé son ami reculer sur la Petite Rouge, mais n’a rien fait pour l’arrêter.

— Annie Smith racontait beaucoup de
sornettes.

— Tu t’es toujours voilé la face à propos de ta sœur, dit
Jared.

— Ce n’est pas
vrai.

— Et cette robe en dentelle blanche pour laquelle tu avais économisé et que tu as retrouvée dans ton placard tachée d’encre ?

Lizzy se creusait la tête pour tenter de s’en
souvenir.

— Une robe en dentelle ? Tachée d’encre ?

— Je pensais que les femmes se souvenaient de ce genre de
chose.

— Tu as tort à propos de Cathy. Elle n’a jamais été jalouse de moi. Ce n’est pas son style. Et même si la plupart des femmes se souviennent sans doute de leur robe préférée, je ne suis pas comme la plupart d’entre elles, tu as
oublié ?

Ce fut au tour de Jared de paraître
perplexe.

— Tu me disais souvent que ce que tu préférais chez moi, c’est que j’étais différente des autres
filles.

— Ah, alors tu te rappelles certaines choses, la taquina-t-il.

— Je me souviens de beaucoup de choses. Par exemple, je sais que j’ai eu l’estomac noué et le cœur brisé quand tu as embrassé Amanda Rocha au bal d’hiver.

— Tu avais rompu avec moi, dit-il pour se
justifier.

Elle brandit sept
doigts.

— Une semaine. Nous avions rompu depuis sept jours au total, et dans cet intervalle de temps, non seulement tu as invité Amanda au bal, mais tu l’as bécotée sur la piste de danse devant tout le
monde.

Il souriait et son regard pétillait de
malice.

— Je ne l’ai embrassée que pour te rendre
jalouse.

— Eh bien, ça n’a pas
marché.

Il éclata de
rire.

Elle aimait la sonorité de son
rire.

— Nous faisions beaucoup de projets à l’époque, n’est-ce
pas ?

— En effet, répondit-il d’une voix
calme.

Alors que Lizzy songeait au bon vieux temps, la sonnerie de son téléphone la tira de ses rêveries. Elle décrocha d’une pression du doigt et le regretta aussitôt en réalisant que la personne qui l’appelait était Nancy Moreno, la présentatrice du journal télévisé sur Channel
 10.

— Je ne suis pas intéressée, répondit Lizzy sans laisser à la femme le temps de placer plus de deux
mots.

Elle avait l’estomac noué à l’idée que les médias, comme toujours, fassent primer le sensationnel sur tout le
reste.

— S’il vous plaît, ne raccrochez
pas.

Lizzy s’apprêtait à le faire lorsque Nancy
enchaîna :

— J’appelle au sujet de
Spiderman.

— Je n’en doute
pas.

— Il est à mes
trousses.

— Comment le savez-vous ?

— Je détiens quelque chose qui l’intéresse.

Lizzy avait du mal à croire à ce que Moreno était prête à inventer pour avoir un
scoop.

— Et que pouvez-vous donc avoir qui soit susceptible de l’intéresser ?

— J’ai votre
dossier.

— Mon
dossier ?

— Votre dossier du cabinet de Linda Gates, répondit
Nancy.

— Comment pouvez-vous…

Puis elle
comprit :

— Vous avez volé mon dossier chez ma
psychologue ?

Elle avait déjà entendu dire que Nancy Moreno était l’une des patientes de Linda Gates. Elle savait aussi que Linda n’aurait jamais cédé le dossier de son plein gré sans la consulter au
préalable.

— Quand j’ai pris votre dossier dans le cabinet de Linda, j’ai pensé que je pourrais peut-être aider le FBI en parlant au tueur pour en découvrir un maximum à son
sujet.

Ce qu’elle disait n’avait aucun
sens.

— Qu’avez-vous
découvert ?

— Seulement qu’il ne reculera devant rien pour obtenir ce qu’il
désire.

Nancy Moreno avait l’air
effrayée.

— Où vous trouvez-vous en ce moment ? demanda
Lizzy.

— Je suis chez moi. Il est là dehors. Je le
sais.

— Avez-vous contacté les
autorités ?

— Il fallait que je vous parle en
premier.

Alors c’était pour cette raison que Nancy avait appelé, comprit
Lizzy.

— J’étais censée le rencontrer ce matin pour lui donner votre dossier, dit Nancy, mais j’ai changé d’avis. Je me préparais à partir au travail quand j’ai entendu un bruit devant ma porte d’entrée. J’entends toujours des bruits, mais je ne vois rien. Là, ça recommence. Venez, je vous en prie. J’habite au 3516, Skyview, à Rolling
Hills.

Lizzy jeta un coup d’œil à sa montre. Il leur faudrait dix à quinze minutes pour y
arriver.

— Nancy, je veux que vous raccrochiez et que vous appeliez le 911. Vous m’entendez ?

— Je ne peux pas. Je serai la risée de l’Amérique. On passera en boucle mon appel au 911 une fois qu’on aura découvert que j’ai volé votre
dossier.

Lizzy couvrit le récepteur et rapporta à Jared ce que Nancy Moreno venait de lui dire. Ils devaient se rendre au 3516, Skyview, à Rolling Hills, une banlieue huppée à l’extérieur de
Sacramento.

— Il faut vous dépêcher, ne cessait de répéter
Nancy.

— Nous
arrivons.

Jared passa la main sous son siège pour y récupérer un gyrophare en forme de goutte. Il ouvrit sa vitre et posa la lumière clignotante sur le toit de sa
voiture.

— Que dois-je faire ? demanda
Nancy.

— Appelez immédiatement la police et trouvez un endroit sûr où vous cacher jusqu’à ce que nous
arrivions.

On entendit Nancy courir dans sa maison. Lizzy perçut ses bruits de pas étouffés, suivis de ce qu’elle identifia comme un tintement de vaisselle. Puis il y eut un déclic… et ce fut le
silence.

— Nancy, vous êtes là ? Vous m’entendez ?
Merde.

CHAPITRE 28

Samedi 20 février 2010, 15 h
 22

 

Seuls deux docteurs sur la liste de suspects de Lizzy et Jessica travaillaient le samedi. Jessica avait rayé le premier dès l’instant où elle l’avait vu. Il avait un long cou, un visage fin et était indien. Le deuxième médecin, Harold Long, un ophtalmologiste, était soupçonnable. Sa taille et son âge correspondaient. On pouvait considérer qu’il avait de grandes oreilles, mais il n’avait ni la mâchoire puissante ni le front haut − deux autres caractéristiques que Lizzy avait
soulignées.

Jessica retourna à sa
voiture.

— Ne t’inquiète pas, Mary, dit-elle à mi-voix. Si je dois rendre visite à chaque médecin de Californie du Nord, alors je le ferai. Je vais le retrouver. Puis je te retrouverai. Nous serons à nouveau une
famille.

Comme la fourgonnette Volkswagen démolie de Jessica avait été remorquée, elle avait emprunté la Honda Civic de sa mère. Assise dans la voiture, elle écouta ses messages sur le répondeur de son téléphone et parcourut à nouveau la liste des suspects. L’un d’eux provenait de Lizzy qui demandait à Jessica d’ajouter deux noms sur sa feuille. Un professeur particulier de mathématiques, un certain M. Gilman, et Henry Sullivan, un entraîneur de
natation.

Un frisson glacé parcourut la colonne de Jessica au moment où elle répéta son nom à haute voix. Pourquoi n’avait-elle pas pensé à lui plus tôt ? Elle s’empressa de composer le numéro de
Lizzy.

Dring.
Dring.

Décroche,
Lizzy.

Jessica démarra le moteur. Elle devait retourner au bureau. Elle attendit que le répondeur de Lizzy s’enclenche.

— Lizzy, c’est Jessica. Je crois que nous tenons enfin le lien que nous cherchions. Rappelle-moi le plus tôt
possible.

 

 

Samedi 20 février 2010, 15 h
 23

 

Lizzy frappa à la porte de la maison de Nancy Moreno pour la troisième
fois.

— Nancy, appela-t-elle, c’est Lizzy Gardner et Jared Shayne du FBI. Ouvrez. Tout va bien se
passer.

Ce n’est pas beau de
mentir.

Comme personne ne répondait, Lizzy se dirigea vers la fenêtre de devant et jeta un œil à l’intérieur. La pièce principale offrait une décoration élégante, bien qu’éclectique. Douillette et chaleureuse, sans aucun signe de lutte… et pourtant… elle plissa les yeux pour essayer de voir au-delà des meubles, dans la salle à manger. La table était dressée, ornée de sa nappe et de l’argenterie. Un coin de la nappe était trop tiré sur le côté. Un verre à vin était
renversé.

— Jared, dit-elle. Nous devons contourner la
maison.

Le portillon latéral était ouvert. Elle suivit Jared près d’un bassin en forme de cacahuète, flanqué d’une fontaine et entouré par un gazon bien entretenu. Le murmure paisible de l’eau qui coulait en cascade depuis la queue d’une sirène offrait un contraste saisissant avec les cognements sourds de son cœur. Les portes-fenêtres conduisant à l’intérieur de la maison étaient grandes
ouvertes.

Pistolet au poing, Jared lui fit signe de ne pas
bouger.

Lizzy n’avait aucune intention de rester debout dehors, toute seule, et totalement immobile. En prenant soin de ne rien déranger, elle emboîta le pas à Jared à l’intérieur. Non seulement un verre à vin s’était renversé, mais un bol en porcelaine était tombé sur le sol et s’était brisé en mille
morceaux.

La cuisine se situait sur la gauche. L’évier était vide, l’acier inoxydable étincelait. Les surfaces en granit étaient propres, tout était en
ordre.

Jared disparut dans le couloir, tandis que Lizzy se dirigeait vers l’escalier. Serrant son Glock entre ses paumes moites, elle gravit les marches deux par deux. Elle ouvrit d’un coup sec la première porte qu’elle trouva. Les stores étaient baissés. Elle alluma. Rien ne semblait en désordre. D’un pas vif et assuré, elle traversa la chambre en direction du placard, dont elle fit coulisser la porte miroir. Des boîtes en plastique bien empilées. Quelques manteaux d’hiver soigneusement suspendus. Pas de méchants. Pas de
cadavres.

Son pouls était rapide. Elle se rendit compte qu’elle retenait sa respiration et elle souffla en quittant la pièce. Lentement, elle continua dans le
couloir.

— Nancy ? Vous êtes là ? C’est moi, Lizzy Gardner. Vous pouvez sortir,
maintenant.

Pas de réponse. Elle haïssait le silence presque autant que l’obscurité. Il ne leur avait fallu que onze minutes pour arriver. Nancy avait-elle réussi à se cacher à temps ? Était-elle pelotonnée dans un placard sombre en attendant d’être secourue ? Il n’avait pas pu lui tomber dessus si rapidement. Et pourtant, les portes du patio ouvertes et le bol cassé suggéraient une histoire
différente.

Le tapis était épais et d’un blanc nacré si immaculé que la moindre tache attirait le regard, comme la traînée de gouttes de sang qui menaient vers la chambre principale.
Merde.

— Lizzy ! En bas ! s’écria
Jared.

L’arme toujours brandie devant elle, elle eut envie d’appeler Jared pour lui demander ce qu’il tenait. S’il avait découvert Nancy, alors que diable avait-elle
trouvé ?

Il appela à nouveau Lizzy, plus fort cette
fois.

Elle était incapable de répondre. Le bruit de ses pas était étouffé par le tapis moelleux. Elle venait de pénétrer dans la chambre principale. La traînée de sang traversait le vaste sol jusque dans la salle de bains. L’assassin se trouvait peut-être à quelques mètres d’elle. Peut-être était-il blessé et espérait-il toujours s’enfuir. Elle ne s’était jamais servie de son pistolet, si ce n’est sur un champ de tir. Mais elle n’hésiterait pas à appuyer sur la gâchette s’il le
fallait.

Reste calme. Prépare-toi.

L’avait-il vue ? Savait-il qu’elle arrivait, qu’elle se trouvait juste devant la porte de la salle de
bains ?

Maintenant, Lizzy, maintenant ! Fais-le !

Elle s’avança, arme au poing, deux doigts sur la gâchette, et découvrit Nancy Moreno qui la regardait
fixement.


 Merde !

 

 

Samedi 20 février 2010, 16 h
 21

 

Jessica était arrivée chez sa mère. Son frère était là. S’installant à la table de pique-nique qui faisait office de table de cuisine, elle regarda Scott qui fouillait dans le réfrigérateur. Au bout d’un moment, il
abandonna.

— Je vais acheter quelque chose à manger. Tu veux
venir ?

— Où est
maman ?

— Comme toujours − elle comate sur le canapé dans l’autre
pièce.

Jessica ne pensait pas trouver son frère chez elle. Sa mère et lui s’étaient beaucoup disputés dernièrement et il avait passé plusieurs nuits chez un ami. La semaine prochaine, il ferait ses valises et partirait pour le New Jersey. Jessica était venue récupérer le pistolet que sa mère conservait dans une boîte de lessive vide, dans le placard au-dessus de la machine à laver. Elle n’avait pas prévu d’en parler à qui que ce soit, mais alors qu’elle regardait son frère dans les yeux, ses paroles lui échappèrent des
lèvres.

— Je crois savoir qui a enlevé
Mary.

Des rides peu réjouissantes se formèrent de part et d’autre de sa bouche et il se passa les doigts dans les
cheveux.


 Ouah !

Il se tourna vers l’évier de la cuisine et porta le regard sur la pelouse desséchée de l’autre côté de la vitre. Un silence s’installa entre eux et elle se demanda ce qu’il pouvait bien se dire. Elle n’eut pas à se le demander très
longtemps.

— Quand vas-tu guérir de cette obsession à retrouver
Mary ?

— Sans doute quand je la
retrouverai.

— Après tout ce temps, tu es toujours en plein déni. Je l’ignorais.

— C’est déjà arrivé, fit
Jessica.


 Quoi ?

— Que des personnes portées disparues soient retrouvées. Vivantes et en bonne santé,
même.

— Donne-moi un
exemple.

— Elizabeth Smart. Shawn
Hornbeck…

Son frère se dirigea vers la table de pique-nique et s’assit en face d’elle. Il lui paraissait grand et large d’épaules. Quelque part en cours de route, il avait grandi. Il semblait plus âgé, plus mature, et elle se demanda s’il ressemblait au père qu’ils n’avaient plus revu depuis la disparition de Mary. Leur mère avait arraché toutes ses photos des albums et des cadres de la maison. Il ne lui restait aucun souvenir de son père. Son frère tendit le bras et posa sa main sur la
sienne.

— Il est temps de passer à autre chose,
Jess.

— Je ne peux
pas.

— Je l’aimais, moi aussi, mais Mary n’aurait jamais
fugué.

— Et s’il lui avait fait un lavage de cerveau ? Tu sais, en lui disant qu’on ne l’aimait pas. Après quelques années, elle aurait pu se mettre à croire ce qu’elle entendait. Elle a peut-être changé de nom. J’ai beaucoup lu à ce sujet récemment, et ce sont des choses qui
arrivent.

Il retira sa
main.

— Selon moi… bah, tant pis, mon avis n’a aucune importance. Tu me fais penser à
maman.

Il se leva. Elle cligna des
yeux.

— Qu’est-ce que tu veux dire par
là ?

Il se pencha en avant et posa les paumes à plat sur la
table.

— Si tu ne fais pas attention à toi, Jess, tu vas finir exactement comme elle. Après la disparition de Mary, elle a perdu la boule. Elle a baissé les bras, vis-à-vis d’elle comme de
nous.

Du menton, il désigna l’autre
pièce.

— Va la regarder. Ça fait des années maintenant qu’elle est dans les limbes, incapable d’avancer. Et elle s’enfonce dans l’alcool. Si tu ne passes pas à autre chose, voilà ce que tu
deviendras.

Il se redressa et, avant que Jessica ait pu lui raconter la suite de l’histoire, à propos de son travail auprès de Lizzy Gardner et du lien qu’elle avait découvert − la clé qui lui permettrait de savoir où se trouvait leur sœur aînée −, il s’en alla. La porte claqua en se refermant derrière
lui.

Jessica était déjà passée au bureau de Lizzy et avait effectué quelques appels téléphoniques. Bien sûr, l’homme en question avait un dossier long comme le bras. Il avait fait de la prison pour exhibitionnisme et vente de vidéos pornographiques d’adolescents.

Au moment où Jessica était entrée à la maison et avait vu son frère, elle avait espéré qu’il l’accompagnerait. Elle soupira. Lizzy ne l’avait toujours pas rappelée, ce qui l’inquiétait. S’était-elle déjà rendue chez lui ? Comme Lizzy lui avait demandé d’ajouter son nom à la liste, il n’était pas improbable qu’elle ait anticipé une visite à son
domicile.

Jessica se refusait à contacter la police. Il leur faudrait un mandat de perquisition. Consciente qu’elle avait déjà perdu beaucoup trop de temps, elle se dirigea vers la buanderie. L’arme était pile à l’endroit où elle l’avait vue pour la dernière fois. Elle ramassa le pistolet, écarta le baril de lessive et l’assouplissant et s’empara du tupperware rempli de
munitions.

La voix de sa mère la fit brusquement
sursauter.

— Mary, criait-elle.

Sa mère était étendue sur le canapé, comme son frère le lui avait indiqué. Ses yeux étaient à demi ouverts et elle tendait une main blanche. Une bouteille de gin gisait, vide, sur le
sol.

— Mary, c’est
toi ?

Jessica prit la main de sa mère, surprise de la trouver aussi
froide.

— Oui, c’est moi. C’est
Mary.

Les coins de sa bouche se
soulevèrent.

— Tu es
rentrée.

Jessica serra ses petits doigts fragiles en essayant de se l’imaginer comme elle était avant… énergique et pleine de vie − une vraie Donna
Reed.

— Je dois y aller, maman, mais je reviendrai bientôt. Tout va bien se
passer.

Other books

Lassiter 08 - Lassiter by Levine, Paul
Drop Dead Beauty by Wendy Roberts
The Journey Back by Priscilla Cummings
Siete años en el Tíbet by Heinrich Harrer
Job Hunt by Jackie Keswick
Southern Belle by Stuart Jaffe