Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (7 page)

— Je n’ai rien lu sur les déguisements dans le dossier de ton enquête, si ce n’est la mention d’une
barbe.

— Ça ne me surprend pas. Pourquoi noter ce que je dis ? Depuis le début, les autorités ont pris toutes mes déclarations avec des
pincettes.

— C’est parce que chaque fois qu’ils t’interrogeaient, Lizzy, ta version
changeait.

Ses yeux se
rétrécirent.

— Comment
ça ?

Jared se leva et disparut au bout du couloir. Quelques instants plus tard, il était de retour avec un épais dossier en papier kraft, qu’il lui
tendit.

Elle le feuilleta. La majeure partie des documents étaient cornés. Elle passa en revue des pages et des pages de notes, qui commençaient le jour où elle avait été retrouvée et qui se terminaient avec quelques articles plus récents, dont une interview de son père. Elle se
crispa.

— Je n’avais pas réalisé que papa avait accepté de parler à la télévision
nationale.

— Quand l’as-tu vu pour la dernière
fois ?

— Ça fait des années que je ne l’ai pas vu. Il ne veut rien avoir à faire avec moi. Il me reproche tout ce qui ne va pas dans sa
vie.

Jared garda le silence jusqu’à ce qu’elle ait terminé sa lecture de l’article.

— Après t’être enfuie et avoir été ramassée sur le bord de la route, tu as dit plusieurs choses qui se sont révélées être de fausses déclarations. Tu as dit à Betsy Raeburn, la femme qui t’a retrouvée et t’a conduite au poste de police, que tu avais été agressée
sexuellement.

Jared marqua une
pause.

— Les fluides prélevés sur tes sous-vêtements ne correspondaient qu’à mon A.D.N.

Le rouge lui monta aux joues, tandis qu’elle restait penchée sur le contenu du
dossier.

— Quand tu as été interrogée par le FBI, tu as déclaré que le tueur t’avait forcée à avaler du poison, qu’il te brûlait tous les jours avec des cigarettes et des tisonniers chauds, et que tu étais obligée
de…

Elle jeta le dossier à côté d’elle sur le canapé et se leva si brutalement que son genou vint heurter la table basse. Du café se renversa tout autour de sa
tasse.

— Allez vous faire foutre, toi et tes amis du FBI. Tout est réellement
arrivé.

Elle tendit le doigt vers
lui.

— Je me fiche bien que toi ou qui que ce soit d’autre croie en ma parole, mais je me pose une question : si vous ne croyez pas un mot de ce que je dis, alors pourquoi m’avez-vous demandé de venir ? Pourquoi reviens-tu sur des questions auxquelles j’ai déjà répondu une centaine de fois ? Et surtout, Jared, pourquoi est-ce
toi
qui m’infliges
ça ?

Jared se leva à son tour. Il posa une main sur son bras, mais elle le
repoussa.

— Je te crois, Lizzy. Si tu dis que c’est arrivé, je te
crois.

— Que
dalle.

— D’accord, laisse-moi reformuler ça. D’après moi,
tu
crois que ces choses te sont arrivées, mais elles n’ont pas pu se produire, Lizzy. Les morsures de serpents à sonnettes laissent des traces. Ton sang a été analysé pour y trouver du poison, et pourtant il ne comportait aucune toxine. Et il y a des photos, Lizzy. Des photos de tes bras, de tes mains, de tes jambes et de ton ventre. Elles sont toutes dans le dossier… prises quelques jours, si ce n’est quelques heures, après ton retour. Aucune marque de brûlure. Aucune piqûre d’insecte. Comment expliques-tu
ça ?

— Je ne sais
pas.

Il y eut un moment de silence, à mesure que la tension
montait.

Elle leva les mains et les croisa derrière son cou. Visiblement frustrée, elle laissa tomber ses bras le long de son corps et commença à faire les cent pas dans la
pièce.

— Écoute, je veux t’aider à retrouver Sophie, mais je refuse d’être traitée comme une criminelle… ou une
menteuse.

Jared se rassit. Il détestait la mettre en colère. Il la savait persuadée que toutes ces choses lui étaient arrivées, mais ce n’était pas le cas. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas été torturée verbalement et mentalement pendant deux mois. Pendant deux mois, elle avait été absente. Disparue. Voilà qui était certain. Et quand elle était revenue, elle était sous-alimentée et déshydratée. Ça aussi, c’était un
fait.

Avant d’intégrer le FBI, Jared avait obtenu un diplôme de psychologie spécialisé en criminologie et victimologie. Il avait élaboré une théorie sur ce qui lui était arrivé, et il réalisait qu’il s’était trompé sur toute la
ligne.

— Lizzy, reprit-il d’une voix sereine, tu as peut-être vécu un contre-transfert − qu’on appelle aussi la culpabilité du
survivant.

Elle était debout au milieu de la pièce, silencieuse, les bras
croisés.

Son cœur se
serra.

— Tu as dit que tu voulais aider Sophie. J’ai lu les dossiers, mais j’ai besoin de l’entendre de ta bouche. J’ai besoin de savoir si nous ne passons pas à côté d’un élément
essentiel.

Il
expira.

— Tu as déclaré que Spiderman portait un
masque.

— C’est exact, en
effet.

Lizzy se dirigea vers la fenêtre. Les stores étaient intégralement tirés. Elle les ouvrit légèrement pour laisser le clair de lune s’infiltrer. Elle se tourna vers lui et
dit :

— À part le masque, il n’avait jamais la même apparence : un jour une barbe, le lendemain une moustache. Pareil pour ses cheveux : longs, courts, blonds, châtain foncé ou noirs. Jamais les
mêmes.

Lizzy revint près de Jared, toujours assis, et allongea son bras sur le dos du
canapé.

— Pour te répondre, je crois qu’il quittait la maison de temps en temps, parce que certains jours s’écoulaient sans que je ne le voie ni ne l’entende marcher. Au début, j’avais tout le temps peur. Comme les jours et les semaines passaient, la faim a pris le pas sur la peur. Vers la fin, j’étais affamée, j’avais froid et je n’en pouvais
plus.

Un tic nerveux fit frémir sa mâchoire. Elle serra le dossier du canapé en le regardant droit dans les
yeux.

— Tu savais que mon père reprochait à ma mère de m’avoir laissée sortir ce soir-là ?

Il hocha la
tête.

— Alors tu sais aussi qu’ils ont divorcé moins d’un an après mon
enlèvement.

Il tendit la main et la posa sur la sienne. Elle tressaillit, mais ne la retira pas. Elle avait la peau douce. Il n’aimait pas la douleur qu’il ressentait au creux de son estomac. Elle avait beau jouer les dures, elle était
fragile.

— Si j’avais écouté mon père, dit-elle, rien de tout ceci ne serait
arrivé.

— Spiderman aurait trouvé quelqu’un d’autre.

— Peut-être.

Elle darda sur lui un long regard
intense.

— Alors quel est le plan ? demanda-t-elle, l’œil vif et la voix apaisée. Les fédéraux pensent qu’il va se mettre à ma recherche, n’est-ce
pas ?

— Si c’est bien Spiderman qui t’a appelée aujourd’hui, je dirais que c’est fort
probable.

Elle releva le
menton.

— Si tu veux savoir, je n’ai pas
peur.

— J’ai peur pour
toi.

— Il ne faut
pas.

La détermination brillait dans ses
yeux.

— J’ai pris une décision en venant ce
soir.

— Une
décision ?

— Je vais trouver Spiderman, dit-elle. Je ne peux pas continuer à me cacher en sursautant au moindre bruit. Je vais retrouver ce sale détraqué avant qu’il n’ait le temps d’agir.

— Et comment comptes-tu t’y
prendre ?

— Je vais contacter les médias et lui envoyer moi-même un message
personnel.

CHAPITRE 7

Lundi 15 février 2010, 23 h
 59

 

Il hésita à prendre un autre Klonopin. Ses mains tremblaient. Avant, ses mains ne tremblaient jamais. Il se détourna de la fille, Sophie, et se dirigea vers la porte, avant de pivoter brusquement et de
lancer :


 Bouh !

Les yeux de la fille s’écarquillèrent. Sous le ruban adhésif, il perçut un cri étouffé. Il soupira. C’était tout ce qu’elle avait dans le
ventre ?

— Tu n’aurais jamais dû être insolente envers ta mère, dit-il en tendant le doigt pour souligner ses paroles. Surtout en
public.

Il secoua la
tête.

— Seules les vilaines filles s’habillent comme des traînées et jurent comme des charretiers. Sais-tu pourquoi je t’ai choisie,
Sophie ?

Elle secoua la tête. Des larmes coulaient sur ses
joues.

— Parce que tu n’as aucun respect pour tes aînés. Si j’avais osé tenir tête à mes parents, sais-tu ce qu’ils m’auraient
fait ?

Elle secoua la tête. Elle tremblait de tous ses membres, comme un foutu chihuahua. Non seulement l’adolescente n’avait aucun respect pour ses parents, mais en plus elle était
molle.

— Mon père m’aurait tailladé la peau avec son rasoir, dit-il avec
ferveur.

Les yeux de la jeune fille faillirent sortir de leurs
orbites.

Voilà qui est
mieux.

Il se dirigea vers la commode et ouvrit le tiroir du haut pour révéler sa collection de scalpels et de rasoirs tranchants. Pour narguer Sophie, il brandit une lame courbe très aiguisée, fabriquée en Angleterre et conçue pour pratiquer des incisions
précises.

— Et si nous commencions avec celui-ci,
Sophie ?

Elle ferma les yeux. Ses lèvres bougèrent. Il devina qu’elle était en train de prier quelque dieu invisible qui ne pouvait pas l’entendre.

Il s’arrêta pour la regarder et
attendit.

Pourquoi ne ressentait-il
rien ?

Il compta jusqu’à dix. Rien. Sa respiration était calme et régulière. Pas un seul frisson ne lui titillait les reins. La fille était à mourir d’ennui. À cet instant, elle ouvrit les paupières et le regarda, de ses grands yeux marron de chien battu. Des yeux qui lui rappelèrent pourquoi elle était ici, pourquoi il était dans l’obligation de faire ce qu’il faisait. Le sang se mit à cogner dans ses oreilles, déferlant sur ses sens comme une vague de dix mètres de haut sur des rochers
effilés.

Il s’approcha d’elle en serrant les poings. Ses entrailles frémissaient, il était dans un état d’intense frénésie : ses tempes étaient douloureuses, son pouls s’emballait, son sang courait dans ses veines comme une décharge électrique. Il avait la ferme intention d’arracher ses globes oculaires de leurs
orbites.

Les paupières closes, elle
gémissait.

Bon sang. Ouvre les
yeux.

— Tu as peur,
Sophie ?

Il était difficile de savoir si elle hochait la tête ou pas, tant elle était secouée de spasmes. La fille manquait cruellement de cran. Décidément, elle avait beaucoup de choses à apprendre avant qu’il ne la tue. Qu’était-il arrivé à cette fille à la grande gueule et aux nerfs solides ? Ses épaules s’affaissèrent. Il la fixa un moment avant de retourner vers la commode. Il rangea son couteau et referma le tiroir d’un coup
sec.

Elle avait toujours les yeux bien fermés. Il s’éloigna vers la
sortie.

— Je veux que tu réfléchisses à la punition que tu mérites. Je vais me reposer un peu pendant que tu médites là-dessus.

Il ferma la porte derrière lui et se dirigea vers l’entrée de la maison. Sophie devrait dormir. Il lui avait administré suffisamment de somnifères pour la maintenir inconsciente pendant encore deux ou trois heures minimum. Cette fille, toute tremblante et silencieuse, était un drôle d’oiseau.

Et ces yeux…
troublants.

Chaque muscle de son corps lui faisait mal. Il n’avait pas encore quarante ans, mais aujourd’hui il avait l’impression d’en avoir soixante-dix. Il s’affala sur le canapé et laissa tomber sa tête contre les
coussins.

S’il avait appris quelque chose la veille au soir, c’était que tous ces experts avaient vu juste sur un point… il ne pourrait jamais
arrêter.

 

 

Mardi 16 février 2010, 10 h
 12

 

Cathy avait débarqué chez Lizzy à peine trente minutes plus tôt, et elles se disputaient
déjà.

— Il te faut un garde du corps, disait Cathy à
Lizzy.

— Ne sois pas ridicule, rétorqua Lizzy. Pendant quatorze ans, j’ai fait tout ce que tu m’as demandé. Je vois une psychologue toutes les deux semaines, consultations que je ne peux pas vraiment me permettre, je précise. Je rédige aussi un foutu journal intime tous les jours. J’ai horreur de
ça.

Cathy fit les gros
yeux.

— Mettre tes pensées par écrit, c’est thérapeutique. C’est un processus de guérison, ça te permet de mieux te
comprendre.

— Écrire dans un journal, c’est de la connerie. J’ai des verrous et des cadenas sur chaque porte, et des barreaux à chaque fenêtre, s’exclama Lizzy, aiguillonnée par l’attitude désinvolte de
Cathy.

Sa sœur n’avait aucune idée de ce qu’avoir peur vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours par semaine, année après année, pouvait
signifier.

— Je porte un pistolet. Je ne mets jamais un pied dehors sans avoir vérifié chaque buisson et chaque arbre. Le moindre gazouillis d’oiseau, le moindre froissement de feuille, le moindre klaxon est mon
ennemi.

Sa sœur gardait le
silence.

Lizzy essaya de se masser les tempes pour dissiper sa
tension.

— Cela fait trop d’années maintenant que j’ai peur de ma propre ombre. Je n’en peux plus. Je ne veux plus. Je vais découvrir ce qui motive Spiderman, pourquoi il fait ce qu’il fait,
pourquoi…

— Et qu’est-ce que tu crois que tous les profileurs et les enquêteurs criminels du FBI dans tout le pays ont fait pendant dix
ans ?

— Apparemment, rien de probant. Ils n’ont pas arrêté ce tordu,
si ?

— Frank Lyle a sûrement des amis à l’extérieur qui n’ont rien de mieux à faire que de passer des appels téléphoniques bidon, dit Cathy, ponctuant sa phrase d’un soupir. Bon, très bien. Alors tu apprends tout ce qu’il y a à savoir sur Spiderman, à partir du peu de souvenirs que tu en as, et après, qu’est-ce qui se
passe ?

— Et après, je devine ce qu’il compte faire. Je devine ce qu’il a l’intention de faire avant qu’il ne le
fasse.


 Et ?

— Et je lui tends un piège, puis j’attends.

Lizzy regarda la porte de son appartement, leva les bras et braqua un pistolet invisible dans cette
direction.

— Et quand il franchit cette porte, je lui tire entre les deux
yeux.

— Je n’aime pas
ça.

— Je ne m’attendais pas à ce que tu
aimes.

— D’après toi, pourquoi refait-il surface… après tout ce
temps ?

— C’est l’une de mes nombreuses questions sans réponses et je compte bien le découvrir, affirma
Lizzy.

— Si tu persistes dans ton idée et si tu t’impliques dans l’affaire Sophie Madison, je ne peux pas te laisser voir Brittany. Je ne peux pas prendre le risque de mettre sa vie en
danger.

— Je
comprends.

Cathy parut
vexée.

— Ta nièce compte si peu pour toi que tu abandonnes si facilement l’idée de la
voir ?

Lizzy plaqua la paume de sa main contre son
cœur.

— Elle compte tellement pour moi que je ne prendrais jamais le risque de mettre en danger un seul cheveu de son adorable
tête.

Cathy baissa les yeux,
abattue.

Bon sang.
Lizzy posa une main sur l’épaule de sa
sœur.

— Je n’ai pas envie de te faire du mal ou de t’alarmer, mais après avoir reçu ce coup de téléphone et revu Jared, j’ai eu une révélation. Je ne peux plus vivre de cette façon. Je ne peux pas continuer une minute de plus à fuir ma propre ombre. Cette vie est en train de me
tuer.

Cathy s’essuya les yeux d’un revers de
manche.

— Moi non plus, je ne peux plus supporter ça. Je me suis fait assez de souci. Tu n’en as toujours fait qu’à ta tête sans jamais tenir compte de nous. Tu m’as toujours pris mes affaires sans me demander la permission, tu as menti à maman et papa. Tes choix nous ont pourri l’existence. Et maintenant, tu es prête à abandonner ta relation avec Brittany pour te mettre à poursuivre un fou furieux assoiffé de
sang.

Elle leva les bras au ciel avant de les laisser retomber le long de son
corps.

— J’abandonne. J’arrête.

Elle attrapa son sac à main sur la table basse et regarda autour d’elle à la recherche de son
pull.

La sonnette retentit dans l’entrée.

Lizzy jeta un œil à travers le judas. Jared se tenait sur le pas de la porte. Après avoir ôté les chaînes et les verrous, elle ouvrit la porte et lui fit signe d’entrer. Il était tout aussi beau dans sa chemise bleue à boutons et son jean ajusté qu’en costume-cravate. Ses manches étaient retroussées jusqu’aux coudes, révélant des avant-bras bronzés que recouvraient juste assez de poils noirs pour la faire saliver. Et dire qu’elle croyait avoir perdu son attirance pour le sexe opposé. Comme
quoi…

— Jared, dit Lizzy en désignant sa sœur du geste. Je suppose que tu te souviens de
Cathy.

Cathy avait retrouvé son pull. Elle se dirigea vers la porte. Jared la salua en lui tendant la main, mais Cathy se planta devant lui, dédaignant son geste amical. La colère altérait les traits de son
visage.

— Pourquoi fallait-il que tu appelles Lizzy pour la mêler à tout ça ? Tu as une idée de ce qu’elle a enduré pour en être là aujourd’hui ?

— Je ne permettrai pas qu’il lui arrive quoi que ce
soit.

Cathy était
offusquée.

— Tu savais qu’il y avait un tueur dans la nature, il y a quatorze ans, mais ça ne t’a pas empêché de la déposer en plein milieu de la rue, par une nuit sombre et sans étoiles ! Je me
trompe ?

— Ça suffit, dit Lizzy en posant une main sur l’épaule de
Cathy.

Elle l’éloigna de Jared et l’entraîna vers la porte. Une fois à l’extérieur, Lizzy suivit sa sœur dans les escaliers, jusqu’à la BMW argentée que Cathy avait garée dans la
rue.

— Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? demanda Lizzy. Je ne peux pas croire que tu me fasses
ça.

Les yeux de Cathy lançaient des
éclairs.

— C’est
moi
qui
te
fais
ça ?

— Oui. Pourquoi refuses-tu de comprendre que je n’ai pas envie de me cacher de moi-même pendant le restant de mes
jours ?

Cathy se glissa derrière le volant de sa voiture, tourna la clé de contact et
répondit :

— Parce que je persiste à croire que te cacher de toi-même est encore la meilleure
option.

Cathy fit un geste en direction de l’appartement.

— J’espère que tu n’as pas l’intention de t’engager à nouveau sentimentalement avec cet
homme.

— Qu’est-ce que ça peut te
faire ?

— J’ai entendu des rumeurs à son sujet, c’est tout. C’est un briseur de cœurs… du genre je t’aime je te quitte. Pourquoi crois-tu qu’il est toujours
célibataire ?

Lizzy haussa les
épaules.

— Il ne se passe
rien.

— Bon, tant
mieux.

Cathy referma la portière, mettant ainsi un terme à leur conversation, et s’éloigna. Alors que Lizzy regardait la BMW de sa sœur disparaître dans le virage, elle remarqua une Jeep Grand Cherokee verte garée de l’autre côté de la route. La Jeep n’aurait pas attiré son attention si le conducteur du véhicule ne s’était pas baissé au moment où sa sœur était passée près de lui en
voiture.

Lizzy remonta chez elle, en prenant soin de rester concentrée sur les marches des escaliers, car elle ne voulait pas que la personne qui l’épiait derrière le volant de la Jeep sache qu’elle l’avait
repérée.

Elle entra dans l’appartement et ferma la porte derrière elle. Jared lui dit quelque chose, mais elle ne l’écoutait pas. Elle alla directement dans la cuisine et jeta un œil par la fenêtre, entre les stores. Son cœur s’accéléra lorsqu’elle vit le conducteur se redresser. C’était une femme. Une casquette de base-ball cachait la majeure partie de son visage. Une queue-de-cheval dépassait derrière sa casquette : d’épais cheveux raides. Une
brune.

Lizzy se rua vers la table rustique près de sa porte d’entrée. Elle ouvrit le tiroir et en sortit son arme. Puis elle tira la porte d’un coup sec, dévala les escaliers quatre à quatre et s’élança sur le
trottoir.

Le crissement des roues couvrit les jurons que Jared poussait dans son dos. Lizzy courait derrière en brandissant son pistolet. La Jeep disparut à l’angle de la rue en faisant hurler ses pneus. Aller chercher les clés de sa voiture maintenant prendrait trop de temps, et il serait trop tard pour se lancer à la poursuite de la
femme.

— Et
merde !

Jared était sur ses
talons.

— Bon sang, mais qu’est-ce que tu
fais ?

— Laisse-moi, le menaça-t-elle en pointant son doigt vers lui tout en rebroussant
chemin.

L’esprit contrarié, elle remonta les marches vers son appartement. C’est alors qu’elle aperçut Maggie qui s’enfuyait en trottinant dans la rue, du côté opposé à celui de la
Jeep.

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