Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Li Pingping, un chauffeur de taxi chinois, est exécuté pour le meurtre de sept femmes.
L
e 2 mars 2004, la cour de Beijing condamne à la peine de mort un chauffeur de taxi qui a assassiné sept personnes ; trois des victimes ont été démembrées. Son épouse écope d’une sentence de quinze ans de prison pour avoir participé aux crimes. Li Pingping, 44 ans, est accusé d’avoir fait venir quatre
jeunes femmes à son domicile pour les tuer entre novembre 2002 et avril 2003.
En mai 1980, Li est mis sous surveillance pendant un an pour des problèmes de harcèlement sexuel après avoir purgé six mois de prison pour des vols en 1985 et 1986. Selon ses dires, les assassinats sont motivés par sa haine de la société. Li est arrêté par la police de Beijing en juin 2003 et les enquêteurs découvrent les restes démembrés de ses victimes dans un dépôt d’ordures proche de son domicile, grâce aux indications fournies par le tueur. Il a aussi tué son ancien employeur Song Shutian, ainsi que son épouse et leur fille après avoir été licencié, en mai 1995. La même année, Li met le feu à la maison d’un riche propriétaire. Dong Meirong, la femme de Li, a aidé son mari dans l’exécution des crimes et elle conservait l’argent volé aux victimes. Le chauffeur de taxi est exécuté le 15 juin 2004.
Ricky Kasso, un adolescent de 17 ans de Northport, dans l’État de New York, obsédé par Satan, commet un crime rituel.
Q
uelques semaines auparavant, il se rend avec des amis dans la fameuse maison d’Amityville dans le Long Island, où, le 13 novembre 1974, Ronald De Feo tue les six membres de sa famille. Après ce massacre, la maison est supposée être devenue le siège de phénomènes étranges qui donnèrent naissance à de nombreux livres et films. Ricky Kasso se pendra dans sa cellule le 6 juillet 1984.
Découverte d’une première malle sanglante à Brighton.
L
es malles sanglantes ne sont pas uniquement une spécificité française
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, si l’on en croit certaines affaires anglo-saxonnes, et pour commencer, celle des deux malles de Brighton (mai-juillet 1933), où un employé des chemins de fer britannique découvre tout d’abord le torse d’une femme dépecée, que la police anglaise ne réussit pas à identifier, sans sa tête, ni ses jambes. Âgée d’une vingtaine d’années, la victime et son meurtrier restent à ce jour un mystère. Moins d’un mois plus tard, le 15 juillet, c’est au 49 Kemp Street, dans une petite rue banale aux maisonnées identiques, qu’une odeur nauséabonde incommode les locataires. Là, dans une chambre sombre du sous-sol, une malle d’un modèle ancien, à couvercle bombé, a été poussée dans un coin sombre. Une odeur affreuse s’en dégage. Après avoir coupé la corde qui assure la fermeture, et soulevé le couvercle, les inspecteurs retirent des vêtements de femme, un costume de bain. Au-dessous, il y a un corps de femme replié sur lui-même. La victime est cette fois identifiée sous le nom de Violette Kaye.
Violette Kaye ! Une destinée banale et pitoyable. Elle a 14 ans lorsqu’elle débute sous les feux de la rampe. Elle abandonne son nom de naissance, Violette Watts, pour le surnom de Violette Kaye, sous lequel elle restera dans les annales théâtrales et celles du crime. Après ce début étincelant, elle ne progresse guère, comme tous les enfants qui sont trop précoces. Elle ne connaîtra jamais la consécration de Londres. Après 40 ans, la malheureuse, usée par la vie, lasse, tombe entre les mains de souteneurs. Sous le nom de M
me
Watson, elle vit au 44 Park Crescent, et celui qui passe aux yeux des voisins pour M. Watson, s’appelle en réalité Tony Mancini, dit aussi « Tony le Tueur » après son arrestation. C’est un homme petit, maigre, aux épaules étroites, aux vêtements étriqués,
avec un visage olivâtre, un regard qui fuit constamment derrière les paupières lourdes, les oreilles décollées, les cheveux épais, ondulés, au reflet bleuâtre. Seule la bouche est intéressante. Une bouche mince, cruelle, agitée de tics, en partie déformée par une cicatrice qui relève le coin droit de la lèvre supérieure. Violent, bagarreur, Mancini est presque toujours impliqué dans des batailles nocturnes qui éclatent à Brighton entre joueurs et trafiquants de toute espèce. Violette Kaye, la maîtresse de Tony, a disparu depuis le 10 mai.
L’affaire de la malle de Brighton connaît des suites judiciaires en décembre 1933, avec le procès de Tony Mancini aux assises de Lewes, où il plaide non coupable. Il admet avoir trouvé Violette Kaye morte sur le lit de leur chambre de Kemp Street. Effrayé, il décide de cacher le corps. Quand on lui demande pourquoi il n’a pas prévenu la police, Tony Mancini répond : « Lorsqu’un individu comme moi, qui a déjà été condamné à plusieurs reprises, a affaire à la police, il n’a aucune chance de s’en sortir. » L’avocat Norman Birkett fait une brillante démonstration de l’état d’esprit de son client qui aurait paniqué, après avoir menti à ses amis et à la police. Les jurés décident d’acquitter Tony Mancini, faute de preuves, le corps de Violette Kaye en état de décomposition avancée n’ayant pas permis d’établir ou non avec certitude la mort violente.
Mais l’affaire connaît encore un rebondissement tardif en 1976 lorsqu’un supplément d’un quotidien du dimanche publie une interview de Tony Mancini qui avoue être responsable de la mort de Violette Kaye. En revanche, on ne trouva jamais l’assassin qui s’était débarrassé du cadavre inconnu, sans tête ni jambes, à la gare de Brighton.
En Inde, deux sœurs croyant leur père possédé par le démon, le massacrent et boivent son sang avant de le dévorer.
À
Nishatpura, vivant non loin de la gare de Bhopal, deux sœurs, Yasmin, 22 ans, et Taslima, 25 ans, s’imaginent que leur père Yunus Mian est tombé sous l’emprise d’Iblis, le « Grand Satan ». Malade depuis longtemps, Yunus aurait été la victime d’une de ses sœurs qui cherchait à s’approprier la maison familiale. Alors que Yunus serait possédé par Satan, Yasmin et Taslima ont, quand à elles, succombé aux charmes d’un « bon » djinn. Le 18 juin 2004, les deux sœurs persuadent le reste de la famille qu’il faut « libérer » Yunus de l’emprise du démon. La nuit tombée, il est ligoté avec des chaînes, enfermé dans une pièce, avant d’être massacré à l’arme blanche. Yasmin et Taslima dansent ensuite autour du corps mutilé, avant d’en boire le sang et de dévorer plusieurs organes.
Le 30 mars 2004, Axel T., 22 ans, est condamné par le tribunal de Munich à la réclusion à perpétuité pour le meurtre, le 19 juin 2003, de sa mère, Erika, qu’il a décapitée d’un coup de sabre de samouraï.
L
e jeune homme, qui est à l’époque au chômage après avoir été un temps videur dans une boîte de nuit – il a abandonné des études de commerce – vit chez ses parents, contre leur gré et à leurs crochets. Cette situation s’éternise à leur goût. Le jour du meurtre, sa mère se rend compte qu’on lui a volé plusieurs paquets de cigarettes. Le fils nie, ce qui entraîne une violente dispute. À bout d’arguments, la mère lui lance un ultimatum : il a une semaine pour quitter l’appartement familial, un trois-pièces trop petit qui, en outre, est régulièrement perquisitionné par la police
qui y recherche de la drogue et des objets volés. Cet ultimatum met Axel en « colère ». Alors qu’Erika s’est installée à la table de la cuisine pour y lire le journal, vers 15 heures, son fils arrive par-derrière et lui tranche la tête, de la droite vers la gauche, à l’aide d’un sabre de samouraï à la lame longue de 45 cm. La femme meurt sur le coup ; sa tête ne tient plus qu’à un tendon à l’arrivée de la police. Avant cela, le fils, prêt à assassiner son père de la même manière, s’est dirigé vers la chambre où ce dernier, qui n’a rien entendu du premier meurtre, regarde la télévision. Au moment de pénétrer dans la pièce, Axel prend conscience des conséquences de son acte : en éliminant son père comme il a exécuté sa mère, il sera le principal suspect du double meurtre. Il préfère alors cacher l’arme dans l’appartement, qu’il quitte aussitôt pour appeler la police avec son téléphone portable et accuser son père du meurtre. Ce dernier, âgé de 66 ans, est emmené au poste par des policiers en civil, sans soupçonner la raison réelle de leur descente : il n’a pas vu le corps de son épouse et croit que son fils est encore mêlé à un trafic quelconque. Les policiers ont par la même occasion emmené Axel, qu’ils connaissent bien… Ce n’est qu’au début de l’interrogatoire que le père apprend la sinistre vérité. Il s’effondre et est pris en charge par des proches parents. Le fils, lui, s’emmêle rapidement dans ses déclarations et avoue le meurtre.
Lors de son procès, il déclare que sa mère était très dominatrice et reproche à son père de ne jamais l’avoir contredite. L’expert psychiatre estime que l’accusé – qui n’était pas sous l’emprise de la drogue au moment des faits – ne souffrait pas d’altération de la conscience lorsqu’il a commis ce matricide peu ordinaire.
Larry Bittaker et Roy Norris kidnappent Linda Schaeffer, 16 ans, qui meurt dans d’atroces souffrances.
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n 1978, Lawrence Bittaker purge une peine pour attaque à main armée lorsqu’il croise, en prison, la route de Roy Norris, condamné pour viol. Ils deviennent inséparables et concoctent un plan « pour le fun » : une fois libérés, ils vont enlever, violer et tuer des adolescentes californiennes âgées de 13 à 19 ans (au moins une dans chaque tranche d’âge). Bittaker sort le 15 novembre 1978, achète une camionnette qu’il baptise « Murder Mack ». Son ami le rejoint le 15 juin 1979 et, cinq jours plus tard, ils mettent leur plan à exécution en kidnappant Linda Schaeffer, 16 ans. En l’espace de quelques semaines, Jacqueline Lamp, 13 ans, Jackie Gilliam, 15 ans, Shirley Ledford, 16 ans, tombent entre les griffes du duo. Le 20 novembre 1979, Bittaker et Norris sont arrêtés pour une tentative de kidnapping et la police trouve de la drogue dans leur van. Norris ne supporte pas son incarcération et il scelle un accord avec les enquêteurs : en échange de ses aveux, il échappe à la peine de mort. Les deux complices ont longuement torturé chacune des victimes, au point de leur arracher les seins de leur vivant avec des tenailles (d’où le surnom de « Pliers », les tenailles, pour Lawrence Bittaker), tout en enregistrant leurs actes. Au cours de fouilles, les policiers découvrent les photos de cinq cents jeunes filles dont dix-neuf sont considérées comme des disparitions inquiétantes. Mais Norris reste muet, tout comme son complice, et ils se renvoient la responsabilité des meurtres. Le 18 mars 1980, Roy Norris est condamné à quarante-cinq ans de prison avec une
possible libération en 2010. Le 24 mars 1980, Lawrence « Pliers » Bittaker est condamné à la peine de mort
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Autoportrait de Bittaker
Une mère, qui vit dans une maison « remplie de miroirs avec Adolf Hitler » (sic), tente de tuer son bébé pour lui éviter de franchir une autre dimension.
A
nna Murphy, 35 ans, est arrêtée pour avoir tenté de tuer sa petite fille âgée de 3 mois. Elle fournit des explications pour le moins confuses aux policiers. À Tacoma, dans l’État de Washington, cette mère jette avec violence son nouveau-né par terre. Le père prévient immédiatement les forces de l’ordre, après avoir constaté que du sang coule de la bouche de l’enfant. Questionnée, la mère affirme qu’elle a agi en légitime défense car son bébé voulait la tuer. Elle a voulu pratiquer un exorcisme. Croyant que la fillette voyageait dans une autre dimension, elle a donc essayé de sauver son enfant, en la faisant basculer à nouveau dans notre univers. Anna Murphy est conduite à l’hôpital pour une évaluation psychiatrique. Elle confie avoir été violée. Dans ses délires, elle déclare qu’elle vit dans une « maison remplie de miroirs avec Adolf Hitler ». La garde de son nouveau-né lui a évidemment été retirée.
Un mystère bruxellois : la main coupée de Stefaan V.
L
es policiers, avertis par une amie de Stefaan V., 46 ans, qui s’étonnait que ce dernier ait raté leur rendez-vous alors qu’il est d’une grande ponctualité, n’ont pas retrouvé tout de
suite le corps de cet informaticien homosexuel qui habite depuis un an environ dans la rue Van Artevelde, à Bruxelles. La femme, âgée d’une cinquantaine d’années, s’est rendue au domicile de Stefaan pour trouver sa porte d’entrée ouverte, avec des traces de sang dans le vestibule. Elle prefère laisser le soin aux policiers de pénétrer plus avant dans l’appartement, au cas où… La salle de bains est en effet maculée de sang, mais de monsieur V., ils ne trouvent aucune trace. Un enquêteur se demande pourquoi le linge a été sorti de l’armoire et empilé sur le lit. Il comprend en fouillant ladite armoire : la victime s’y trouve, nue, emballée dans un drap. Sa main gauche a été découpée – dans la salle de bains – et l’assassin (ou les assassins) se sont visiblement attaqué à la jambe gauche, qui porte des traces de coupe au niveau du genou. Il abandonne le projet en cours de route en se rendant compte de l’ampleur de la tâche : dépecer le corps pour mieux le faire disparaître. La main ne se trouve plus dans l’appartement. Les policiers la cherchent, en vain, dans les poubelles de la rue.
Stefaan V. a été étranglé, dans la nuit du 21 au 22 juin ; il a été vu vivant pour la dernière fois le lundi 21 en début de soirée. Sa voisine, une dame âgée avec laquelle il entretient de bonnes relations, n’a rien entendu, et son chien n’a pas aboyé. Quelques objets personnels de la victime ont disparu, notamment son portefeuille. Un appel à témoins est lancé, sans succès à ce jour. Le parquet de Bruxelles s’oriente vers un règlement de compte entre homosexuels. Mais pourquoi avoir fait disparaître la main gauche ? Cette main est retrouvée un mois plus tard – dans les toilettes. Elle a fini par boucher toutes les canalisations se trouvant dans l’alignement de l’appartement de Stefaan V. C’est un plombier, que la police a appelé sur les lieux du crime, qui a fait la surprenante découverte.