Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Le procès commence le 17 octobre, un lundi, et pendant cinq jours, une foule compacte prête une oreille attentive au déroulé des audiences. L’acte d’accusation vise l’assassinat de quatre femmes, plus une tentative de meurtre sur une cinquième, sans parler des lettres de chantage. Le jury met à peine dix minutes pour déclarer l’accusé « coupable ». En réponse à la question habituelle du greffier : « Avez-vous une objection à faire au jugement que va rendre la cour, la peine capitale, conformément à la loi ? », Neill ne réplique pas. Le condamné est emmené.
Le 15 novembre, à 9 heures du matin, il est pendu à l’intérieur de la prison de Newgate, et quand l’immense foule assemblée au-dehors, voit s’élever le drapeau noir annonçant que justice est faite, une formidable et joyeuse clameur s’élève dans les airs.
Lorsque Thomas Neill Cream se trouve sur la trappe, sur le point d’être basculé dans le vide, pour être pendu, le bourreau James Billington l’entend déclarer : « I am Jack the… ». Puis la trappe s’ouvre, l’empêchant de prononcer la suite, qui aurait pu être « Je suis Jack l’Éventreur » ? Mais Cream est détenu à la prison de Joliet, dans l’Illinois au moment où le meurtrier en série de Whitechapel commet ses crimes.
Un bébé kidnappé est retrouvé grâce à Facebook au Canada.
L
a petite Victoria n’a que quelques heures lorsqu’elle est enlevée par une femme déguisée en infirmière. Grâce aux réseaux sociaux, elle est retrouvée saine et sauve trois heures après son enlèvement. « Quelqu’un est parti avec notre fille pour la peser et l’examiner, raconte Melissa McMahon, la maman. J’ai eu un mauvais pressentiment… Je suis allée voir les infirmières au poste de garde. Elles se sont tout de suite rendu compte que quelque chose clochait. » La police est prévenue et prend très vite l’affaire au sérieux. Simon Boisclair, le père, poste des photos du bébé sur Facebook. « On s’est dit que c’était la meilleure chose à faire ! » Quatre jeunes de vingt ans voient l’appel à témoins sur le réseau social et reconnaissent la fausse infirmière. Ils appellent la police et signalent leur découverte. La fausse infirmière de 21 ans est arrêtée.
À Berghem (Pays-Bas), une mère se suicide après avoir tué ses trois enfants à coups de couteau et de marteau, « en toute sérénité » selon ses propres mots.
L
e samedi 29 mai 2004, à 6 heures 45, le corps de Liesbeth van Schaijk, 36 ans, est retrouvé le long d’une voie ferrée non loin de son domicile, à Berghem dans la province du Brabant septentrional (Pays-Bas). Elle a été tuée sur le coup par un train de marchandises, trois heures plus tôt. La police pense immédiatement à un suicide mais, lorsqu’à 11 heures, le même jour, les trois fils de la femme sont trouvés assassinés, chez eux, par leurs grands-parents, les enquêteurs envisagent toutes les hypothèses.
Les corps de Tygo, 5 ans, Esli, 7 ans, et Dion, qui va fêter son neuvième anniversaire le 31 mai, gisent dans leurs lits, où ils ont été poignardés à l’aide d’un couteau de cuisine. Leurs crânes présentent en outre des traces de coups de marteau. Liesbeth van Schaijk est séparée depuis un an de son mari, Ardie van Grunsven, père des trois enfants et qui a refait sa vie. Elle est pédicure à domicile, et ceux qui la connaissent l’ont décrite comme une femme souriante, au comportement normal, bien intégrée dans la vie de la cité. Son mari et elle se trouvent en pleine procédure de divorce. Le soir du 28 mai, M
me
Van Schaijk a prévu de s’absenter de son domicile.
Vers 20 heures 30, elle dépose chez sa voisine le
baby phone
qui permet à cette dernière de surveiller les enfants à distance. Une heure plus tard, elle change d’avis, annonçant qu’elle reste finalement chez elle ce soir-là. Son comportement semble normal à la voisine. Durant la nuit du triple meurtre, personne n’entend le moindre bruit suspect.
Berghem, ville de 8 000 habitants, est sous le choc en apprenant la mort des trois garçons. Elle l’est encore davantage lorsqu’elle découvre, le 2 juin, que c’est la mère elle-même qui a tué ses enfants – en agissant seule – avant de se donner la mort. Sur les lieux du crime, la police retrouve en effet cinq lettres d’adieu adressées à de proches parents (l’une de ces lettres est datée de la veille de sa mort), parmi lesquels l’ex-mari de l’intéressée. Elles sont rédigées « en toute sérénité », pour citer Liesbeth van Schaijk elle-même, qui explique dans ses missives qu’elle recherche la paix intérieure et qu’elle veut garder ses enfants près d’elle. D’après les enquêteurs, il ne s’agit pas d’un acte impulsif ; la mère y pense visiblement depuis un certain temps. Il semble en outre qu’il n’y ait eu aucun lien direct entre la procédure de divorce et le triple infanticide, même si la police est intervenue à deux reprises, en octobre 2003, à l’occasion de disputes entre les époux. Aucune autre information n’est divulguée dans la presse à l’époque, par respect pour les proches des victimes.
Le vendredi 4 juin, le corps de Liesbeth van Schaijk est incinéré. Le samedi 5, c’est au tour de Tygo, Esli et Dion. Cette cérémonie est retransmise en direct sur la chaîne de télévision locale StadsTV 11, avec l’accord de la famille. Les trois cercueils sont recouverts de pièces de tissu décorées par les camarades de classe des victimes.
L’auteur d’un « crime parfait », devenu criminologue, est accusé du viol d’une adolescente en Belgique.
R
udy M., 54 ans, qui a tué sa femme en 1991, un meurtre qualifié de « crime (presque) parfait », est condamné à la perpétuité en 1995. Pendant son incarcération, qui dure dix ans, il fait des études de droit. Le meurtrier s’y consacre avec acharnement et elles lui permettent d’obtenir plusieurs diplômes
d’enseignement supérieur. À sa libération, il passe avec succès un doctorat en criminologie à l’université flamande de Bruxelles pour laquelle il est aussi employé en tant que chercheur depuis 2008. Considéré à juste raison comme un spécialiste du monde carcéral, il est chargé de la réinsertion d’anciens détenus. Il travaille en collaboration avec la Communauté flamande sur un état des lieux des prisons au
XXI
e
siècle et publie plusieurs articles dans des revues scientifiques de renom. Mais il compromet tous ses efforts de réinsertion par le viol de sa belle-fille âgée de 14 ans.
Pendaison de Guy Browne et William Henry Kennedy qui ont tué l’agent de police Gutteridge, dans l’Essex (Angleterre), en 1927.
F
ait curieux, ils tirent une balle dans chacun des yeux du policier, une fois qu’il est décédé, car ils pensent que la photographie rétinienne de la victime peut permettre de les identifier. C’est une croyance qui est en vogue à cette époque et plusieurs scientifiques accréditent cette théorie que l’on retrouve aussi dans plusieurs romans policiers.
Joseph Elmerich,
Bärtel, le dernier guillotiné de Sarrebourg (1851) : fiction et réalité,
éditée par la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine, section de Sarrebourg, en 1992.
Pour connaître son cas en détails, lire « Le Vampire de Düsseldorf », dans mon ouvrage
Le Livre noir des serial killers
, paru aux éditions Points, en 2010.
Luka Rocco Magnotta, le « Dépeceur de Montréal », arrive à Berlin, dernière étape de sa cavale. Il est arrêté trois jours plus tard.
E
n 2009, trois ans avant de tuer et de dépecer le jeune étudiant chinois Jun Lin à Montréal, Magnotta diffuse sur le Web un article intitulé
Comment disparaître complètement et ne jamais être retrouvé.
Ce guide est un mode d’emploi pour changer de vie et d’identité.
Pour disparaître, il vous conseille d’abord de bien choisir votre destination, qui doit être un endroit éloigné de votre domicile. Ensuite, il faut couper tous les ponts avec les personnes de votre entourage, en procédant progressivement, afin qu’ils ne soupçonnent rien.
Seconde étape : la liquidation de l’ensemble de vos biens que vous transformez en argent liquide. Vous devez clôturer votre compte bancaire au dernier moment, juste avant de partir.
Troisième étape : l’obtention de faux papiers d’identité. Ils doivent être d’excellente qualité afin de résister à tout examen, et comporter notamment un permis de conduire et un numéro de sécurité sociale. Il vous faut deux identités différentes, la première devant résider dans une ville voisine de votre domicile actuel. Ensuite, vous devez vendre votre voiture à la première de vos deux fausses identités – que vous aurez préalablement assurée.
La semaine qui précède votre fuite doit être consacrée à la visite de chacun de vos amis les plus proches dans le but de les rassurer, car ils n’auront bientôt plus de vos nouvelles. Magnotta explique que cela permet de gagner plusieurs semaines de répit.
Lorsque vous êtes prêt à partir, détruisez tous vos anciens papiers d’identité, avant de prendre le volant dans une direction à l’opposé de votre future destination. Vous vous séparerez de votre voiture en chemin. Continuez votre trajet en bus en pensant à détruire vos premiers faux papiers d’identité (les voyagistes en autocar sont moins pointilleux que les compagnies aériennes). Et pensez à toujours surveiller votre valise dans laquelle vous aurez placé tout votre argent liquide.
Luka Rocco Magnotta n’a pourtant pas appliqué son plan à la lettre lorsqu’il a dû quitter le Canada pour la France. Il possédait trop peu d’argent liquide pour financer sa cavale. Par contre, il a bien pensé à prendre un autocar à Paris pour se rendre à Berlin, sous l’identité fictive de « Tearle ».
« The Gorilla Man » ou « The Gorilla Strangler », Earle Nelson, étrangle Mary Sietsema à Chicago. Il s’agit de la vingt-quatrième femme qu’il agresse en moins de vingt mois.
N
é en 1897, Earle Nelson est élevé par une tante après la perte de ses parents. Victime d’un grave accident, il souffre toute son existence de terribles maux de tête. Il est obsédé par la lecture de la Bible qu’il cite à tout propos, mais ses proches le connaissent aussi comme un voyeur qui passe de longues heures enfermé dans une cave obscure. En 1918, il est condamné à deux ans de prison pour une tentative de viol.
Après un bref mariage, Nelson passe du viol au meurtre. Entre février 1926 et juin 1927, il assassine au moins vingt-deux femmes de San Francisco à Winnipeg, au Canada, ce qui lui vaut les surnoms de « Dark Strangler » ou de « Gorilla Murderer », à cause de son apparence simiesque. Condamné à mort en 1927 à Winnipeg, Earle Nelson est pendu le 13 janvier 1928.
Deux adolescentes de 12 ans poignardent à dix-neuf reprises une amie pour satisfaire un démon virtuel du Web.
D
ans une forêt du comté de Waukesha, dans l’État du Wisconsin, deux adolescentes de 12 ans poignardent une de leurs camarades du même âge pour faire plaisir à un démon virtuel. Prémédité en décembre 2013, les deux amies passent à l’acte le samedi 31 mai 2014, après une fête. La victime échappe à la mort par miracle, une artère située près du cœur a failli être transpercée, il s’en est fallu de quelques millimètres. Lors de leurs aveux, elles affirment avoir voulu devenir des adeptes de « Slenderman » (« L’homme mince »), une créature démoniaque et mythologique, dont elles ont appris l’existence sur creepypasta.wikia.com, un site consacré aux légendes et récits d’horreur. Ce sacrifice leur aurait permis d’être « acceptées » par « Slenderman » et d’habiter dans sa demeure de la forêt nationale de Nicolet. L’une des adolescentes déclare voir « Slenderman » dans ses rêves et que ce démon la surveille en lisant dans son esprit. Elles voulaient tuer leur amie dans la nuit afin de ne pas avoir à croiser son regard pendant l’acte meurtrier. La victime, laissée pour morte, est parvenue à ramper jusqu’à une route où un cycliste est venu à son secours.